Depuis 2015 à Dakar, quatre cents professionnels des médias et du numérique se sont regroupés sous le réseau Africtivistes pour garantir la libre circulation de l’information en ligne.
Ils sont journalistes, photographes, vidéastes, développeurs, ou encore juristes à garantir l'accessibilité de l’information en ligne en Afrique de l’Ouest. En 2015, quatre cents professionnels des médias se sont ainsi regroupés pour créer un réseau baptisé Africtivistes, contraction des termes « Afrique » et « activistes », dont le bureau régional est basé à Dakar, au Sénégal.
À un peu plus de trois mois de la présidentielle de 2024 au Sénégal, Africtivistes, en partenariat avec le Forum pour l'information et la démocratie, a organisé les 24 et 25 octobre à Dakar, un séminaire sur la désinformation et la menace qu'elle fait peser sur les démocraties. Une première, « dans un contexte sénégalais où beaucoup de questions se posent sur le respect des principes démocratiques », plante Cheikh Fall. Le président d’Africtivistes distingue deux types de fake news sur le continent. « Les fausses informations institutionnelles, délivrées par les gouvernements ou les agences d’État, et les fausses informations de l’ordre de l’opinion publique, qui sont formatées sur les réseaux sociaux. Ce qui est certain, c’est que les fake news institutionnelles sont les plus complexes à vérifier », avait confié Cheikh Fall à Stratégies lors du CFI Forum Médias et Développement qui s’était tenu à Paris en juillet dernier.
Pour garantir la libre circulation de l’information en ligne entre les médias et le citoyen, Africtivistes travaille sur des solutions techniques. « Nous créons des messageries chiffrées et des radios pirates, comme ça a été le cas lors de l’élection présidentielle en Gambie en 2016. Pour le Sénégal, face aux velléités de censure et au black-out du pouvoir politique, l’une de nos priorités est de garantir l’accès à internet pour les journalistes », détaille Cheikh Fall. En juin dernier, les autorités sénégalaises avaient coupé l’accès des citoyens aux plateformes sociales, dont Telegram et suspendu internet sur le réseau mobile en marge des manifestations contre l’arrestation d’Ousmane Sonko, principal opposant politique au président Macky Sall.
Pour Africtivistes, l’accessibilité à l’information est avant tout un engagement citoyen. « Plus les populations d’Afrique ont une conscience de leur pouvoir, plus les pouvoirs politiques se plieront à leurs exigences, insiste Cheikh Fall. Africtivistes propose des formations gratuites destinées aux membres du réseau mais aussi au grand public. Nos sessions tournent autour d’enjeux cruciaux comme la cybersécurité, la production de contenus de qualités pour les plateformes numériques, le journalisme d’investigation ou encore le journalisme de données », détaille-t-il.
En marge du séminaire, Africtivistes a remis le Prix AfricTivistes Média & Démocratie 2024 qui récompense le média sénégalais qui s’est le plus distingué dans la défense et la promotion des principes démocratiques du pays. Il s’agit de la radio privée sénégalaise Sud FM, du Groupe Sud Communication. Primer un travail journalistique, c’est aussi la promesse du réseau panafricain.