PRESSE

La journaliste Ariane Lavrilleux a été placée en garde à vue, après avoir révélé des documents montrant l'appui du renseignement militaire français à des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers en Egypte. Les syndicats de journalistes et RSF protestent contre cette atteinte au secret des sources.

Après un rassemblement organisé mercredi 20 septembre en fin de journée, à Paris, place de la République, en soutien à Ariane Lavrilleux, la journaliste du média d'investigation Disclose, le mécontentement monte chez les journalistes. En temoigne cette vidéo d'une interpellation d'Olivier Véran par une journaliste de Mediapart, où l'on voit le ministre porte-parole du gouvernement se dérober face aux questions sur la liberté de la presse.

Accompagnés d'une juge d'instruction de Paris, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont débarqué, mardi 19 septembre à 6 heures du matin, au domicile personnel de la journaliste pour y être placée en garde à vue à l'hôtel de police de Marseille. Elle fait l'objet d'une nouvelle audition de la part de la DGSI, qui cherche à identifier ses sources. RSF et l'ensemble des organisations syndicales représentatives de journalistes, ont dénoncé cette « atteinte sans précédent au secret des sources des journalistes ».

Mission de renseignement

Disclose avait affirmé dans un article publié en novembre 2021 que la mission de renseignement française "Sirli", débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l'Etat égyptien qui se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne. Selon les documents obtenus par Disclose, « les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018 » dans cette zone.

Une information judiciaire est en cours depuis juillet 2022. Elle a été ouverte par le parquet de Paris pour compromission du secret de la Défense nationale et divulgations d'identité de militaires et confiée à la DGSI.

Malgré les inquiétudes et alertes de certains responsables sur les dérives de l'opération, les autorités françaises n'auraient pas remis en cause la mission, d'après Disclose, citant des documents secrets. A la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour « violation du secret de la Défense nationale ». Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 avant qu'une juge d'instruction ne soit désignée à l'été 2022.

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