À la suite de l’imbroglio autour de la non-nomination de Patrick Cohen, c’est Jérôme Chapuis, 46 ans, qui a décroché le job de troisième matinalier de France. Ce discret au sourire juvénile creuse son sillon.

Méfiez-vous des ados qui rêvent de faire votre métier, ils pourraient y arriver plus vite que vous n’y pensez. Quand il était en 4e, Jérôme Chapuis a rencontré avec sa classe Fabrice Drouelle et Christophe Hondelatte, tous deux alors présentateurs de tranches d’info sur France Inter à l’époque. Quelques années plus tard, alors qu’il étudiait à Dauphine, Christophe Hondelatte lui a conseillé de se présenter illico aux écoles de journalisme s’il voulait choisir ce métier.

Ce fils d’un architecte et d’une ancienne prof d’anglais a réussi le concours de l’ESJ de Lille. « Et c’est là-bas que je suis tombé amoureux de la radio », lâche-t-il comme une prophétie. Une de ses anciennes camarades de promo se souvient « d’un garçon très gentil, discret. Pas le genre à faire des histoires. Peut-être un peu lisse ». Mais dans un métier où les ego et les grandes gueules sont légion, ce peut être un atout.

Contradicteur éclairé

« Ce qui me passionne, c’est le rapport à l’événement, l’envie d’y être et d’être en direct », reconnaît Jérôme Chapuis. Il s’y frotte en entrant chez RMC puis Europe 1, où il reste près de onze ans, mais c’est sur RTL qu’il prend son envol. À 34 ans, il succède à Jean-Michel Aphatie à la tête du Grand Jury. Il y apprend « à rester stable face à des personnalités qui peuvent être déstabilisantes », s’imaginant surfant sur la vague des provocations. « Le journaliste doit être un contradicteur éclairé », selon lui.

L’obsession d’être à la bonne distance le hante. Aussi bien pour l’info que pour sa propre médiatisation. Et l’obsession de ne pas être surplombant. Pour remplacer Marc Fauvelle et former un duo avec Salhia Brakhlia, faute de recruter Patrick Cohen, un temps pressenti, Jean-Philippe Baille, directeur de Franceinfo, a proposé le poste à un journaliste avec lequel il a travaillé à RTL. Jérôme Chapuis y était le joker d’Yves Calvi pendant trois ans. Il sait les petits matins qui piquent, Paris désert, l’ivresse de travailler dans le silence de l’aube, la fatigue des mois d’hiver sans lumière mais aussi la convivialité des fins d’après-midi avec ses trois enfants. Il a ses remèdes : footing et siestes bien calibrés. Il connaît sa fatigabilité, qui peut le rendre soupe au lait. Tout bien pesé, il n’a pas pu résister, quittant « le bonheur du management » qu’il exerçait à La Croix, qu’il distingue du plaisir immédiat que lui procure la radio. « Il m’a fallu deux trois jours pour me dire “mais bien sûr !”, explique Jérôme Chapuis. C’est la dimension affective qui a joué dans mon choix. J’ai été rattrapé par le virus de la radio et l’envie de travailler à cette antenne avec laquelle j’ai grandi ». Ite missa est.

Parcours

2000-2011. Rédacteur, présentateur et grand reporter à Europe 1.

2011-2018. Chef adjoint du service politique de RTL, présentateur du Grand Jury.

2019-2023. Rédacteur en chef puis directeur de la rédaction de La Croix.

Septembre 2023. Remplace Marc Fauvelle à la matinale de Franceinfo.

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