Directeur délégué de la rédaction aux Echos et éditorialiste à France Inter, Dominique Seux décrypte les grands thèmes majeurs qui ont marqué l’actualité de la semaine.
L’inflation dans l’alimentaire qui continue malgré les multiples interventions de Bruno Le Maire.
L’inflation alimentaire, c’est le sujet majeur qui préoccupe les Français en cette rentrée car les prix des produits de grande consommation ont augmenté en moyenne de 21,2 % sur deux ans, ce qui est considérable. La bonne nouvelle est que cette augmentation ralentit : depuis le printemps, le glissement annuel est passé de 16 % à 12 %. Par exemple, les prix des produits frais ont reculé de 1,5 % au cours du mois de juillet. Nous comprenons de plus en plus qu’il n’y a pas les « gentils » distributeurs contre les « méchants » industriels, la situation est plus complexe que ça. Chacun défend ses marges et la répercussion des coûts. Chacun, et c’est normal, se livre aussi à une bataille de communication en direction des consommateurs. Les industriels montrés du doigt ont quand même des arguments à faire valoir ; il ne faut pas oublier que les distributeurs veulent faire progresser leurs marques propres.
Il est assez probable que l’inflation, y compris alimentaire, se tasse. Peut-on attendre quelque chose de la réunion organisée mercredi 30 août avec Bercy ? Sans doute une prolongation de l’opération « 1 000 produits » surveillés de près, mais une grande surface, ce sont 20 000 références. Le prochain grand rendez-vous est attendu en novembre avec les négociations commerciales qui fixeront les prix des produits alimentaires mis en rayon en 2024.
La rentrée des classes sur fond de hausse du coût des fournitures scolaires.
La Confédération des familles parle d’une hausse autour de 10 % cette année… mais attention, ce ne sont pas des données officielles. Il faut être prudent sur les chiffres. Les syndicats étudiants annoncent chaque année une hausse du coût de la vie étudiante quel que soit le contexte. Ce qui est sûr, c’est que le prix de la pâte à papier a été multiplié par trois. Nous ne pouvons pas dire que les pouvoirs publics restent les bras croisés. L’allocation de rentrée scolaire a été revalorisée de près de 6 %, ce sont autour de 400 euros versés pour chaque enfant à environ 3 millions de familles.
L’épargne des Français à son plus haut, à 547,4 milliards d’euros.
C’est un grand paradoxe économique. Face à l’inflation, nous pouvons imaginer que les Français puisent dans leur épargne pour compenser la hausse des prix, or ils ne le font pas. Plusieurs hypothèses : les Français ont plus épargné car ils estiment qu’ils n’auront pas de retraite, sachant que la population française continue de vieillir. Et éventuellement, nous pouvons penser qu’un certain nombre de Français se disent qu’il faut moins consommer pour des raisons écologiques.
Le gouvernement qui se refuse à augmenter les impôts des ménages.
Emmanuel Macron et son gouvernement répètent qu’ils ont beaucoup baissé les impôts (suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales par exemple), mais le taux de prélèvements obligatoires n’a jamais été aussi élevé en France : 45,4 % du PIB en 2022, selon l’Insee. Les précédentes années, ce dernier oscillait entre 40 à 43 %.
Le Digital Services Act entré en vigueur le 25 août pour réguler les très grandes plateformes.
Il faut réguler les plateformes mondiales. Le DSA a été beaucoup travaillé durant un an, mais c’est un équilibre pour l’instant incertain. C’est un mélange d’autorégulation des plateformes et de contrôle extérieur. Les plateformes devront coopérer avec ce que le DSA appelle des « signaleurs de confiance », mais ces personnes externes auront-elles suffisamment de moyens, notamment sur X (ex-Twitter) ? Je suis plutôt dubitatif sur la façon dont les algorithmes vont travailler. Des humains devront aussi surveiller le trafic en ligne.