Le Président de la République, qui avait renoncé à s’exprimer le 14 juillet, accorde une interview ce 24 juillet dans les journaux de 13H00 de TF1 et France 2 depuis La Nouvelle-Calédonie, où il entame une tournée d’une semaine dans le Pacifique.
Le chef de l’Etat a atterri peu avant 18h00, 9h00 heure de Paris, à l’aéroport La Tontouta de Nouméa pour débuter une visite au cours de laquelle il doit se pencher sur le casse-tête institutionnel du territoire d’Outre-mer, sur fond de menace de boycott d’une partie du camp indépendantiste.
A son arrivée, il a fait part de sa volonté d’ouvrir « une nouvelle page » sur le statut de l’île, après les trois référendum d’autodétermination qui se sont soldés par un « non » à l’indépendance. Il faut « poser les bases de ce cadre à venir, de ce projet à venir, du statut à venir » pour l’archipel, a-t-il ajouté.
Ce déplacement dans la région coïncide avec la toute fin des « cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action » que le président s’était donnés mi-avril pour relancer son second quinquennat après la crise des retraites. Il va donc en tirer le « bilan » promis à l’époque et doit aussi « dresser les perspectives de la rentrée », selon son entourage. Un exercice esquissé lors d’un long propos liminaire au Conseil des ministres de vendredi, exceptionnellement retransmis en direct à la télévision, lorsqu’il a, fait rare, réaffirmé « avec clarté » sa « confiance » à sa Première ministre Elisabeth Borne et plaidé pour « la continuité et l’efficacité ».
Dans ce discours parfois fourre-tout, le président a assuré suivre « à marche forcée » un « cap clair » : « l’indépendance du pays » sur les plans économique et stratégique. Emmanuel Macron a promis de dévoiler à la rentrée la planification écologique repoussée à plusieurs reprises, d’apporter une « réponse complète et profonde » aux récentes émeutes, et d’élaborer le budget 2024 en suivant un « cadre exigeant ».
Autant de mots d’ordre déclinés par Elisabeth Borne qui réunit ce lundi à Matignon l’essentiel de son gouvernement remanié, pour une séance de travail. « Nous devons dès maintenant anticiper les crises de l’été, préparer la rentrée et aussi enrichir notre action en tirant tous les enseignements des violences urbaines », a relevé la cheffe du gouvernement en préambule de cette réunion.
Pendant son entretien aux journaux de 13h00, Emmanuel Macron pourrait-il faire des annonces concrètes pour redonner un peu de souffle à son mandat, handicapé dès le début par l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale ? « Il n’imprime plus aujourd’hui […] il y a un décalage gigantesque avec l’urgence sociale, la relance économique, l’urgence écologique qui s’exprime dans le pays », a estimé dimanche le député socialiste Jérôme Guedj sur BFMTV.
La prise de parole du chef de l’Etat avant la pause estivale était attendue, mais l’Elysée a tergiversé jusqu’à la dernière minute sur la forme qu’elle prendrait. Le 17 avril, en décrétant les « cent jours », Emmanuel Macron avait donné rendez-vous aux Français le 14 juillet pour « un premier bilan ». Mais le jour de la fête nationale, alors que le pays venait de traverser plusieurs nuits d’émeutes d’une violence inédite après la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier, le président avait finalement renoncé à parler. Emmanuel Macron a préféré d’abord remanier son gouvernement, ce qu’il a fini par faire la semaine dernière, au terme d’un long suspense et comme à contrecœur, confirmant le maintien de sa Première ministre Élisabeth Borne par un SMS de ses conseillers aux journalistes, et évoquant de simples « ajustements ».
La piste d’un entretien dans la presse régionale ou d’une lettre aux Français a aussi circulé. Jusqu’à ce que l’Élysée opte pour l’interview au 13H00 en pleines vacances d’été, réalisée en duplex depuis l’autre bout du monde, quasiment à sa descente d’avion après un vol de 24 heures et plus de 16.000 km. Au risque de voir les sujets de politique hexagonale écraser les enjeux de sa tournée en Océanie. « Jolie manière de boucler une boucle », salue en tout cas un proche d’Emmanuel Macron.
La référence n’est pas à l’allocution solennelle du 17 avril, mais à l’interview donnée le 22 mars aux mêmes chaînes et à la même heure juste après l’adoption aux forceps, avec le décrié article 49.3 de la Constitution, de sa réforme contestée des retraites. Ce jour-là, le président s’était dit sans regret, prêt à « endosser l’impopularité » de la retraite à 64 ans, s’attirant des accusations de « mépris » de la part des oppositions. Après l’entretien, la visite en Nouvelle-Calédonie pourra vraiment commencer ce mardi.