Mercredi 12 juillet, un escape game géant dédié à l’univers de Batman ouvre à Paris. Stranger Things, Harry Potter, le Bureau des Légendes... Films et séries sont de plus en plus nombreux à se décliner dans le monde réel. Mais pourquoi ?
Batman, l’un des super-héros les plus iconiques de la bande-dessinée et du cinéma, débarque à Paris mercredi 12 juillet, avec l'ouverture d'un escape game géant, Batman Escape. Situé au Boom Boom Villette, centre commercial du XIXe arrondissement, celui-ci se décline avec trois expériences immersives autour de l’univers du personnage, sur une surface totale de 3 000 m². La première, un escape game centré sur l'ennemi juré de Batman, le Joker, ouvre ses portes dès le 12 juillet. Les visiteurs pourront se glisser dans la peau de journalistes, et seront amenés à interviewer le Prince du Crime dans sa cellule. Un interrogatoire qui risque vite de mal tourner. Les deux autres expériences, consacrées au vilain Riddler (L’Homme-Mystère en français) et à Batman, ouvriront le 8 septembre, mais dès à présent, un bar lounge immersif et une boutique entièrement dédiée à l’univers de DC Comics sont ouverts aux visiteurs. L’occasion pour Dama Dreams, société indépendante spécialisée dans la création d’expériences immersives en France, de recréer des lieux iconiques de Gotham City et de s’approprier l’une des franchises les plus populaires du cinéma.
«C'est très intéressant de travailler avec des licences. On a accès à un univers très riche, qui nous permet de nous rapprocher d’une communauté de fans très importante. On identifie tout de suite le public qu’on va toucher, explique à Stratégies David Harari, co-fondateur de Dama Dreams. Une licence comme Batman, qui a plus de 80 ans, c’est intergénérationnel. Les grands-parents connaissent Batman, les parents connaissent Batman, les enfants aussi. Ça parle à tout le monde. Notre objectif est de prendre la licence, de faire en sorte que les joueurs deviennent le centre de l’histoire et qu’ils aient un impact sur les personnages qu’ils aiment tant voir au cinéma, dans les jeux vidéo, ou dans les comics.»
Dama Dreams a dû suivre un schéma narratif cohérent avec l’univers appartenant à la maison d’édition DC Comics, détenue par le studio américain Warner Bros. Gregory Schuber, senior vice-président marketing et franchises chez Warner Bros Discovery France, explique les raisons pour lesquelles Warner a accepté de signer un accord de licence avec Dama Dreams : «Batman Escape va nous apporter en visibilité et en intensité. En visibilité parce que ça va nous permettre de parler du personnage de Batman, et de créer un évènement à la hauteur du super-héros, de manière indépendante, c’est-à-dire en dehors de la sortie d'un film ou d'un jeu vidéo. Et en intensité parce qu’on va créer des moments forts pour les fans. Ils vont pouvoir se familiariser avec la ville fictive de Gotham City. Nous sommes convaincus que ça renforce l’amour qu’un fan peut avoir pour un personnage ou pour un univers.»
Un phénomène qui prend de l'ampleur
Si Batman Escape se revendique comme étant le plus grand escape game immersif de France, ce n’est pourtant pas la première fois qu’une telle expérience autour du cinéma ou de l’audiovisuel s’immisce dans le monde réel. C’est même devenu un phénomène assez courant. «Il y en a de plus en plus, c’est un fait. Je pense que c’est parce que les marques se sont rendu compte que c’était un bon moyen pour communiquer et faire vivre à leurs fans et à leurs communautés des expériences différentes. Ça permet de faire vivre la marque, la faire vivre autrement que lors d’une sortie de film, par exemple», précise David Harari. Sa société, Dama Dreams, a notamment créé il y a quatre ans un escape game autour de la série de Canal+ Le Bureau des Légendes, situé dans le VIe arrondissement de Paris. «Nous avons créé un produit dérivé en développant l’escape game immersif du Bureau des Légendes pour montrer aux marques que nous étions capables de signer un contrat de licence pour un produit dérivé. C’était la première fois qu’il y avait un lieu entièrement dédié à une expérience immersive sous licence en France.»
Depuis, les expériences immersives se sont enchaînées à une vitesse folle. Arrivée tout droit d’Amérique, l’expérience autour de la série de Netflix Stranger Things a ouvert au Paris Event Center, porte de la Villette, en mai 2023. «Ce projet est une coproduction entre Netflix et Fever, et c’est une expérience immersive et interactive avec, en plus, une mixtape et donc beaucoup plus d’éléments que tous les fans ou n’importe quel visiteur pourra retrouver depuis la série», expliquait à Stratégies, en mars dernier, Jade Mazaud, manager de l’expérience Stranger Things Paris. Quelques semaines plus tard, c’est autour du personnage de Harry Potter qu'une exposition immersive a ouvert ses portes Porte de Versailles.
«Pour l’exposition immersive Harry Potter, on a travaillé avec Imagine Entertainment, détaille Gregory Schuber, chez Warner. Les fans peuvent découvrir les costumes originaux des personnages du film, plonger dans des décors emblématiques de la franchise comme La Grande Salle de Poudlard ou encore la maison de Hagrid, et faire des expériences immersives, comme créer une potion, manier une baguette magique, pratiquer du Quidditch…» Si l’expérience devait initialement fermer fin septembre, la société de production a annoncé son prolongement jusqu’au 15 octobre. «Ça fait plus de tickets disponibles pour les fans d’Harry Potter», indique le senior vice-président marketing et franchises chez Warner Bros Discovery France.
Continuité logique dans l’histoire du cinéma
Le réalisateur Tim Burton a lui aussi été mis en lumière avec le Labyrinthe, une autre expérience immersive ouverte à l’espace Chapiteaux, dans le parc de la Villette, jusqu’au 20 août. Conçue par l’agence espagnole Letsgo, celle-ci promet un voyage dans le monde intérieur du cinéaste.
«Pour les marques, ça fait un moment que c’est intéressant de proposer des expériences immersives, parce que c’est une manière pour elles de faire ressentir des choses aux gens, de créer des souvenirs et des associations émotionnelles», explique Sébastien Genty, directeur général en charge de la stratégie à l'agence DDB Paris. Selon lui, ce type d'événements appliqués aux films et aux séries s'inscrit dans la continuité logique dans l’histoire du cinéma. «Il y a eu le premier film sonore, le premier film en stéréo, le Dolby, la 3D, et aujourd’hui il y a l’immersion. Toute forme d’entertainment correspond à une volonté de plonger les gens dans un autre monde. Grâce à la technologie d’aujourd’hui, qui est en progression permanente, les créateurs peuvent s’en emparer de manière plus large», poursuit-il.
Déjà, Dama Dreams a fait l'acquisition des droits d’exploitation du manga Naruto. Warner Bros., propriétaire des Looney Tunes ou de toutes les séries HBO telles que Game of Thrones, a de son côté dit qu'il voulait proposer davantage d’expériences immersives autour de ses grosses franchises. La télévision française s’est elle aussi prêtée à l’exercice. En mars 2022, la société Team Break a ouvert un escape game Koh-Lanta, conçu en partenariat avec TF1 et ALP, producteur de l’émission, sur le modèle de ce qu'elle avait déjà fait pour l'émission Fort Boyard dès 2021 à La Défense. Une stratégie payante qui devrait très probablement se poursuivre dans le temps.