Le billet de Delphine Le Goff

La fin du mois de mai a vu l’éclosion de cette nouvelle coquetterie langagière aussi prometteuse que le « belle journée ». « Profitez bien de cette jolie météo ! », a-t-on commencé à s’enjoindre, par mail ou sur les réseaux.

Parlons un peu de celles et ceux qui appellent leurs enfants les « kids », désignent leurs proches comme « leurs essentiels » et recherchent, de manière générale, tout ce qui « donne le smile ». Quand ils vont au restaurant, sur Instagram, ils parlent en connaisseurs d’ « assiettes précises ». Comme Édouard Philippe sur une photo récente, ils portent souvent au bras une ribambelle de bracelets brésiliens, aux teintes décolorées par les escapades sur la côte, dans leur résidence secondaire, celles de leurs « essentiels », ou sur les « tracks » de moins en moins enneigées des stations de ski.

Ça a l’air de coûter pas mal de temps et d’argent, d’avoir de « belles valeurs ». Mais ça n’a pas de prix, hein, de « refaire le monde » - comme ils aiment tant à s’en gargariser -, avec ses « essentiels » devant une « assiette précise ». Refaire le monde quand on le pense si peu, voilà qui n’a pas l’air de tarauder ces personnages des Choses de Georges Pérec 2.0, qui transforment systématiquement le langage en papier peint pour se donner, chaque jour un peu plus, l’illusion de vivre dans un magasin de déco Sarah Lavoine.

Dernier bibelot langagier : la « jolie météo ». La fin du mois de mai a vu l’éclosion de cette nouvelle coquetterie aussi prometteuse que le « belle journée ». « Profitez bien de cette jolie météo ! », a-t-on commencé à s’enjoindre, par mail ou sur les réseaux. Jolie météo, jolie météo… Le 7 juin, on apprenait que l’Arctique sera probablement privée de glace de mer dès 2030, soit 10 ans plus tôt que ce qu’avait prévu le Giec. Et ça, ça ne donne pas vraiment le « smile ».

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