Le directeur de la rédaction du Pèlerin revient sur les grandes actualités de la semaine.
Le discours critique sur le cinéma et la réforme des retraites tenu par Justine Triet, Palme d’or à Cannes pour Anatomie d’une chute.
On peut être un peu partagé face au discours de Justine Triet au Palais des Festivals. Si des œuvres cinématographiques variées et de qualité peuvent exister en France, c’est parce qu’un modèle de financement le permet. Et voir celle qui a pu en tacler ce système en retour est étonnant. Mais lorsque les artistes s’expriment, ce n’est pas seulement pour remercier, être souriants, polis et gentils. Il y a des lieux dédiés à l’art et Cannes a des allures de liturgie du cinéma. Mais des propos politiques peuvent s’y exprimer en toute légitimité. Les cinéastes ont un avis sur l’actualité politique. C’est un signe de bonne santé démocratique qu’ils l’expriment même si ce n’est pas prévu dans le calendrier de la communication du festival ou du gouvernement.
L’inscription par le Serbe Novak Djokovic d’un message politique sur le Kosovo devant les caméras de Roland-Garros.
Encore un message qui échappe aux mains du tournoi et de sa communication. Les plus grands sportifs comme Djokovic ne sont pas contrôlables et traçables. Ils ont leurs éclats et ils sont imprévisibles.
L’image des Jeux de Paris 2024 avec un projet de déplacement des sans-abri.
Comment accepter cette volonté de faire place nette pour un événement rutilant, pour que Paris se présente sans tache et donc que notre société soit chimiquement pure en se débarrassant des pauvres et des indésirables. C’est regrettable que le pays des Droits de l’homme n’ait pas plus d’imagination pour améliorer le sort des sans-abri. Un travail avec le tissu associatif pour proposer des solutions plus dignes et intelligentes serait préférable, comme une implication des Parisiens volontaires, sans tomber dans le béni-oui-oui. Vouloir faire de ces JO une vitrine pour le monde et proposer une solution aux antipodes de la modernité et de l’intégration, quel paradoxe !
Patrick Cohen, envisagé, puis recalé pour remplacer Marc Fauvelle à la matinale de Franceinfo, qui se dit victime d’une « vendetta à perpétuité » à Radio France.
Je ne suis dans les arcanes de ces décisions. À ma modeste mesure, je sais que lorsque l’on s’engage sur une nomination, il est toujours dangereux de revenir dessus. À titre plus personnel, c’est la voix de Marc Fauvelle sur Franceinfo que j’entends le plus le matin. Il a imprimé son style que j’apprécie beaucoup, fait de proximité, d’ouverture d’esprit, d’humanité et d’implication empathique.
Les restrictions imposées par Netflix pour limiter le piratage mais contraignantes en cas de fréquents déplacements.
Je crois qu’ils sont en train de roder les solutions en cas de déplacement en s’inspirant de ce qu’ils ont proposé en Amérique latine et au Canada. Netflix a un parc de 235 millions d’abonnés et 110 millions de personnes regardent la plateforme à l’œil. Ils sont face à un manque à gagner économique énorme. Moi-même, je suis très heureux que notre journal circule - cela participe de sa vitalité -, mais je le suis plus encore quand les chiffres d’abonnements progressent. À Netflix, avec l’argent récolté par les nouveaux abonnements, de se rendre suffisamment singulier et incontournable pour conquérir d’autres abonnés.
Le recours à un référendum pour résoudre une question de société, comme le veut LR avec l’immigration.
J’aurais tendance à relier ce recours à la crise généralisée face aux grandes institutions - l’école, l’église ou la justice - qui nous relient en tant que citoyens. Nous sommes face à une crise du système représentatif visible avec des taux d’abstention record lors des dernières élections et notamment la Présidentielle. Le référendum procède d’une démarche démocratique mais acte d’une société binaire dans laquelle il n’y a pas de place pour la nuance. Il confisque le débat et exclut la nuance.