Portrait

Cofondatrice du média indépendant Vert et initiatrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique, Juliette Quef éclaire une autre façon d'informer.

Hasard du calendrier : le jour de notre rencontre, l’Union européenne de radio-télévision publie son rapport annuel « Climate Journalism That Works ». Peu relayé dans la presse française, ce rapport recommande des mesures pour traiter du dérèglement climatique. Dans l’Hexagone, Juliette Quef repense aussi à son échelle le traitement journalistique en matière d’écologie. À 29 ans, elle préside Vert.eco, média en ligne indépendant qui éclaire le citoyen sur les enjeux climatiques. Et pas question de tomber dans l’éco-anxiété et le militantisme stérile. D’où la promesse éditoriale : « informer sans désespérer ». En septembre 2022, Vert lance la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. Plus de 1600 journalistes et une centaine de médias en sont signataires, dont Mediapart, 20 Minutes ou La Croix. « Nous avons aussi dialogué avec les rédactions qui ne l’ont pas signée, ce qui est un signal fort. Mais nous n’avons jamais eu la prétention d’être des donneurs de leçons auprès de nos consœurs et confrères. Nous sommes tous dans le même bateau », précise-t-elle.

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Fille d’une mère enseignante et d’un père cadre de l’Éducation nationale, elle ne dit pas s’être convertie à l’écologie, mais « mener un combat » sur le terrain du journalisme. Avec un axe central : le climat. Le mouvement mondial des grèves pour le climat médiatisé par Greta Thunberg l’a notamment marquée. Depuis novembre 2019, elle et son compagnon Loup Espargilière, cofondateur et rédacteur en chef, incarnent Vert. Régulièrement invitée sur les plateaux télé et conférences, elle avoue modestement « aimer être au cœur de l’écosystème. » Mais elle ne s'engage pas qu'à moitié. « Développer un média prend toute une vie et du temps », souffle-t-elle.

Au quotidien, la directrice de la publication s'efforce de rester impartiale. Elle veut « s’écarter des lobbies et se tenir à distance des personnalités politiques ». Ce qui n’empêche pas la confrontation d’idées dans les articles et autres contenus digitaux. « Pour éclairer l’audience sur les défis climatiques, il faut l’outiller. Et pour l’outiller, nous choisissons des angles journalistiques tournés vers des solutions », appuie-t-elle.

Face à la concentration des médias, Vert a fait le choix de se lancer sans actionnaire et sans publicité. En accès libre, le média est financé à hauteur de 70% par les dons des lecteurs. Le montant moyen du don ponctuel et régulier est de 24 euros. Vert a également obtenu des subventions publiques du ministère de la Culture et bouclé deux campagnes de crowdfunding en 2022 (84 000 euros récoltés). Pour accompagner la profession, Juliette Quef délivre des formations à des organismes qui travaillent avec des médias, dont récemment RFI, France 24 et Midi Libre. Vert n’a pas fini, comme dit sa baseline, d’annoncer la couleur.

Parcours

2011. Bac littéraire.

2013-2014. Année d’échange en Argentine à l’université du Salvador à Buenos Aires (entreprises et institutions) et à Sciences Po Lyon.

2019. Écriture d’un roman sur Lisa Larsen, photojournaliste américaine à Life magazine.

Janvier 2020. Création de Vert.

Mars 2023. Vert et la charte ont été nommés au Grand prix des Assises internationales du journalisme de Tours (du 27 mars au 1er avril).

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