La Lettre A, Intelligence On Line, Africa Intelligence et Glitz.paris s’imposent dans les réseaux de pouvoir. Rencontre avec le directeur général d'Indigo Publications Quentin Botbol.
Encore un patron de média furieux. Alors que son communiqué de presse attendait le feu vert du big boss avant une communication interne, puis externe, bien orchestrée, toutes les infos sur la réorganisation stratégique de son entreprise sont sorties dans La Lettre A. Tandis qu’en interne, les managers vont tenter de traquer la taupe, le quotidien peut se féliciter d’avoir réussi son pari et d’être fidèle à son exigence : sortir des infos exclusives. Uniquement.
Comme le montant du contrat que la chanteuse Angèle a signé avec Chanel pour être ambassadrice : 5 millions d’euros. Cet engagement d’exclusivité, Indigo Publications, groupe de presse professionnelle indépendant qui enquête sur les réseaux du pouvoir à l’international et en France, l’applique à ses quatre lettres quotidiennes digitales : « La Lettre A, le quotidien de l’influence et des pouvoirs » rachetée en 2007, avant qu’il ne rachète Presse News à Guillaume Fischer en 2012 ; « Intelligence On Line, au cœur du renseignement » ; « Africa intelligence, le quotidien du continent », issu du premier titre publié par Maurice Botbol en 1981, lorsqu’il avait 30 ans ; « Glitz.paris », dédié au luxe et publié en français et en anglais est la dernière sortie, lancée en septembre dernier.
À 35 ans, Quentin Botbol, fils du fondateur, veille aux destinées du groupe. L’entrepreneuriat est une prédisposition familiale. « Notre quotidien dédié à l’Afrique représente 50 % de nos abonnements, les deux autres lettres, 25 %, tandis que Glitz.paris est encore en phase de lancement, détaille le dirigeant. Notre chiffre d’affaires, qui repose exclusivement sur nos abonnements est de 8 millions d'euros en 2022. Avec une croissance entre 18 % et 22 %, nous visons les 10 millions en 2023, sachant que nous employons 80 salariés et en recruterons une vingtaine cette année. »
Le dynamisme de ces résultats repose sur un virage numérique bien anticipé. Face à la mutation digitale de la presse, le groupe a adopté une double stratégie au mitan des années 2010 : cesser les diffusions papier pour ne proposer que des versions numériques, et dès 2018, adopter un rythme de publication quotidien.
Mais comment ces publications parviennent-elles à proposer autant d’infos exclusives ? « Nous n’avons ni pub, ni annonceurs, ni actionnaire puisque le groupe nous appartient. Cela nous donne une liberté d’enquêter notamment, que beaucoup d’autres médias n’ont pas », poursuit Quentin Botbol. L’autre martingale est la confidentialité absolue pour les personnes qui parlent. « On désource tout ce qu’on écrit, ce qui permet de ne jamais les identifier ». Quid de la loyauté de la source envers son employeur ? « Et que faites-vous de la liberté d’expression ? », rétorque le jeune patron. Les informations, jamais payées ou dédommagées, peuvent parfois les mettre en péril. Sur le continent africain notamment, le recours au téléphone blanc, vide d’historique, est systématique pour les journalistes qui partent en tant que reporters. Au cœur des réseaux du pouvoir.