Cinéma

L’accord qui a permis d’accoucher d’une nouvelle chronologie des médias raccourcit les délais de diffusion du cinéma sur les petits écrans. Un arrêté ministériel le fera entrer en vigueur pour trois ans.

La nouvelle chronologie des médias, une énorme victoire pour Canal+ ? Le groupe ne lésine pas sur les satisfecit pour saluer un accord conclu sous l’égide du ministère de la Culture qui lui reconnaît la possibilité de diffuser des films six mois après leur sortie en salles, contre huit auparavant. « Cette chronologie des médias modernisée reconnaît la position unique de Canal+ », résume le groupe, qui rappelle qu’il disposera sur ses chaînes et sa plateforme MyCanal de « la meilleure offre » avec 400 films récents par an en première exclusivité.

Position privilégiée

Mais comme le dit Olivier Zegna Rata, délégué général du Syndicat des producteurs indépendants, « c’est une victoire de Canal+ contre elle-même ». Explications : « le groupe retrouve une position très privilégiée, sachant qu’à six mois les gens auront encore à l’esprit la campagne de promotion et auront le sentiment de voir des films tout frais, mais il le paye en revenant sur sa politique de sous-investissement et en s’inscrivant contre la doctrine de Canal+ depuis l’arrivée de Bolloré, qui était de sous-payer le cinéma français ».

Là, avec une seconde fenêtre de TV payante allongée de deux mois, ses abonnés comme ceux d’OCS auront seize mois pour regarder ses films. Il en aura coûté au groupe plus de 600 millions d’euros sur trois ans et le paiement de plusieurs dizaines de millions d’euros en règlement de sommes non investies malgré son accord précédent.

Et Netflix ? Elle investira 40 millions d’euros par an dans 10 films et disposera de la possibilité de diffuser les films 15 mois après la salle, ce qui lui permet d’avancer dans la chronologie (36 mois auparavant) et d’avoir un avantage compétitif par rapport aux autres plateformes, non signataires de l’accord, qui avancent aussi, mais à 17 mois. Le géant de Los Gatos estime qu’il se donne ainsi la possibilité de nouer de « meilleurs accords en fonction de ceux qui seront conclus avec les organisations de cinéma ». Si Amazon Prime ou Disney+ décident d’avancer aussi leur fenêtre, il pourra ainsi progresser dans la chronologie en se rapprochant de celle de Canal, de 12 à 6 mois par exemple. Sachant que Canal+ a assorti son arrangement d’une clause d’exclusivité sur 9 mois, fixant entre 50 et 30 millions d’euros un avancement à une fenêtre de diffusion entre 12 et 15 mois après la sortie en salles.

Roselyne Bachelot se félicite d’avoir réuni autour de la table 26 parties prenantes et abouti à intégrer les plateformes tout en raccourcissant les délais (de 44 à 36 mois au total) « sans pour autant déstabiliser les diffuseurs historiques ». À 22 mois, « la fenêtre de diffusion des chaînes en clair est préservée », souligne M6, qui se dit attentif aux rapports de force avec les géants de la SVOD. D’autant que les détenteurs de droits devront proposer leurs films aux diffuseurs en clair dans des conditions équitables et que des co-exploitations sont possibles sur les chaînes et les plateformes. Non signataire, comme la SACD, Disney+ n’a pas apprécié. Il demande un accord équitable et prenant en compte les nouvelles formes de visionnage des films alors même qu’il augmente ses investissements dans la création française et continue de soutenir la salle.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :