« On va reperdre de l'argent en 2022 », a reconnu lundi 16 janvier Philippe Carli, le président du groupe Ebra. En cause, les coûts du papier et de l’énergie qui ont pesé pour 16 millions d’euros sur les comptes de ce groupe de presse régionale (L'Est Républicain, Les DNA, Le Progrès...)
Le groupe de presse Ebra, qui compte une dizaine de titres de journaux dans le Grand Est, a subi de plein fouet la hausse des prix de l’énergie et du papier avec 16 millions d’euros de charges supplémentaires en 2022. Après avoir dégagé un résultat positif en 2021, « on va reperdre de l'argent en 2022 », a reconnu sans plus de précisions Philippe Carli, le président du groupe, devant le Club de la presse Strasbourg Europe, lundi 16 janvier 2023.
Le coût additionnel pour Ebra, filiale du Crédit Mutuel, aurait été encore plus lourd sans les économies faites par le groupe non coté en Bourse, qui tire quotidiennement à 800 000 exemplaires, a souligné son président. Selon des données confidentielles auxquelles l'AFP a eu accès l'an dernier, la seule hausse du prix du papier devait peser entre 5 et 10 millions d'euros supplémentaires dans les comptes de groupes comme Ebra, Ouest France, Le Monde, Le Figaro ou encore Sud-Ouest.
Philippe Carli, qui a pris les rênes d'Ebra en 2017, a rappelé que cette année-là les journaux du groupe avaient essuyé une perte de 50 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 500 millions. Depuis cette date, Ebra a mutualisé les moyens de ses différents quotidiens (L’Est Républicain, Le Progrès, le Dauphiné libéré, les Dernières nouvelles d'Alsace, Le Républicain lorrain, Vosges Matin...) et ramené le nombre de ses imprimeries de six à quatre.
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Ebra a ainsi réalisé 150 millions d'euros d'économie depuis 2017 et rajeuni ses effectifs. Plusieurs de ses titres, dont Le Progrès et les quotidiens lorrains, ont été affectés l'an dernier par des mouvements de grève dénonçant une détérioration des conditions de travail.
Le groupe s'est parallèlement tourné vers le numérique, qui représente désormais 10% de son chiffre d'affaires contre 2% en 2017. « Depuis 2017, le chiffre d'affaires ne recule plus », s'est félicité Philippe Carli. « L'accélération de la baisse des abonnés papier est compensée par la montée des abonnés au numérique. » Près de 50% des contenus offerts en ligne par les journaux du groupe sont désormais payants, a-t-il souligné.
Philippe Carli a par ailleurs assuré que le Crédit mutuel n'avait aucunement l'intention de vendre son pôle presse, qui figure en bonne place dans son plan stratégique 2024-27.
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