Portrait

Rédactrice en chef ajointe des journaux du soir au sein du service Afrique de RFI et créatrice du podcast Bas les pattes, Kpénahi Traoré a enjambé au mérite les obstacles posés sur sa route.

Si certains naissent avec un avenir tout tracé, d’autres n’ont pas ce privilège. Kpénahi Traoré, rédactrice en chef adjointe des journaux du soir au sein du service Afrique de RFI, le sait. Et dire que rien ne prédestinait la native de Korhogo à embrasser le journalisme est un euphémisme. À l’heure de se retourner sur son passé, la jeune femme y voit pourtant une forme d’évidence. Issue d’une famille dont la maman et le papa, mécanicien, n’ont « pas vraiment été à l’école », Kpénahi Traoré brille sur ses bancs. Jusqu’à rejoindre l’université de Ouagadougou et sa filière communication et journalisme, réputée au-delà des frontières du Burkina Faso.

« J’ai souvenir, petite, de ces speakerines à la télévision qui m’impressionnaient. Jamais je n’aurais imaginé travailler pour RFI à Paris », se remémore celle dont la réserve d’alors pousse un oncle à la décourager. Qu’importe, Kpénahi Traoré n’est pas du genre à se laisser téléguider. Mieux, elle obtient en parallèle son premier job au sein de FasoZine, site et magazine consacrés à l’actualité nationale. S’ensuit un stage au sein de Radio Nostalgie dans la capitale burkinabè puis trois années en tant que pigiste, pour le compte notamment du groupe Bayard et du magazine Planète Jeunes. Confrontée à son « envie de travailler avec des médias internationaux », Kpénahi Traoré se présente en 2012 au concours international de l’ESJ Lille, au terme duquel elle est retenue. 

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Problème : la bourse dont dépend son master ne voit jamais le jour, obligeant l’étudiante à remettre son admission à l’année suivante, avec la garantie d’intégrer l’école lilloise. Une promesse non tenue. « On m’a forcé à repasser le concours », commente celle qui fait fi de cette embûche en étant à nouveau sélectionnée puis en devenant de surcroît diplômée de l’IEP. Le verrou est forcé pour de bon, croit-elle. Pas tout à fait, en témoigne un stage à VoxAfrica Londres qui tombe à l’eau faute de visa délivré par le consulat. « C’est dans ce contexte qu’une opportunité s’est ouverte chez RFI avec un projet de média en langue mandingue. Je parle cette langue depuis toujours mais je n’avais jamais pratiqué autrement qu’en français », soupèse-t-elle avant de dire oui. Le début de quatre années – dont deux en tant que rédactrice en chef – qui permettent à la journaliste de se faire un nom, encadrant une équipe de six personnes et une dizaine de correspondants dans plusieurs pays.

Fin 2019, changement de cap. Mais là encore, Kpénahi Traoré ne bénéficie d’aucun passe-droit et repart « en bas de l’échelle » chez RFI, avant d’être titularisée en février 2022. Un « accomplissement » pour celle qui assume son parcours « en tant que femme africaine ». Preuve en est : son podcast Bas les pattes qui, dans le sillage de la vague Metoo, « donne la parole à d’autres voix que celles habituellement audibles », rappelle Kpénahi Traoré. Qui, comme beaucoup, a connu le harcèlement au gré d’une voie forgée au mérite.

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Parcours

Avril 1984 Naissance à Korhogo (Côte d’Ivoire).

Juillet 2008 Diplômée de l’université de Ouagadougou (Burkina Faso).

Mai 2015 Diplômée de l’ESJ Lille et de l’IEP de Lille.

Octobre 2015  Intègre RFI Mandenkan.

Octobre 2016 Diffusion sur Arte reportage du documentaire L’Or de la discorde, dont elle est coréalisatrice.

2017 Promue rédactrice en chef de RFI Mandenkan à Paris et Dakar.

Juillet 2020 Création du podcast Bas les pattes.

Février 2022 Nommée rédactrice en chef ajointe des journaux du soir au sein du service Afrique de RFI à Paris.

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