Hubert Coudurier, le directeur de l’information du Télégramme, raconte l’histoire de ce fleuron de la presse régionale, dont le groupe est dirigé par son frère Édouard. Et comment il a su se renouveler et se diversifier : sur internet, à la télévision, ou encore avec des événements sportifs et culturels.
Quelles ont été les étapes clés de l’histoire du Télégramme ?
Hubert Coudurier. Au départ, le Télégramme se développe à Brest. En 1944, dans la France en guerre, la ville est bombardée : les locaux du journal sont délocalisés à Morlaix, où est resté le siège depuis. Aujourd’hui, le groupe Télégramme est une belle entreprise de 180?millions d’euros de chiffre d’affaires. Un journal local d’abord mais qui ne veut pas seulement parler aux Bretons et qui est devenu un média multiforme. Nous sommes actifs aussi en magazine avec le groupe Milan, dans la télévision avec les chaînes Tébéo et TébéSud. Nous sommes propriétaires du site internet HelloWork, plateforme de recherche d’emploi [lire page 18]. Nous sommes encore très impliqués dans des événements à travers OC Sport, en organisant des courses comme La route du Rhum ou la Solitaire du Figaro, les marathons de Nantes ou de Genève. Nous sommes enfin actionnaires majoritaires de Morgane Production qui contrôle entre autres Les Francofolies de La?Rochelle et Le Printemps de Bourges.
Comment s’est passée la transition vers le numérique ?
Elle s’inscrivait dans mon ambition de ne pas faire d’entre soi et de nous ouvrir à une actualité plus large, pour éviter de ne faire que du local. Grâce au web, il n’y a plus de frontières. Le Télégramme y est présent depuis 1996. Nous avons une forte audience mais nous pouvons faire encore mieux. Nous devons avoir une ambition nationale voire internationale. Il faut sortir de l’image ringarde de la presse locale.
Pourquoi avoir lancé une chaîne de télévision ?
Une fréquence s’est libérée dans le Finistère, nous n’avons pas loupé cette opportunité. La chaîne Tébéo a vu le jour en 2009, et nous avons racheté en parallèle Ty Télé renommée TébéSud. On diffusait d’abord une tranche d’une heure d’info, et petit à petit, nous avons développé des émissions. Avec l’ambition d’être en continuel mouvement. Par exemple, nous avons récemment ajouté une tranche pour parler sport et depuis cette année, l’émission de débat « Brehon met les pieds dans le plat », avec Benjamin Brehon, pour parler de sujets de fond. C’était important de se faire une place dans l’audiovisuel, même si nos chaînes représentent un chiffre d’affaires très réduit, environ 3 millions d’euros.
TébéSud connaît des difficultés, pouvez-vous nous en dire plus ?
Les subventions des collectivités ont nettement baissé, on nous laisse clairement tomber. C’est une chaîne qui a trois ressources pour son financement : un tiers de recettes publicitaires, un tiers de partenariats d’entreprises et un tiers par les collectivités. Si nous en perdons une, c’est tout l’écosystème qui s’effondre. J’ai lancé un comité de soutien pour mobiliser. Nous avons été obligés de réduire la voilure, mais ça m’ennuierait de fermer cette chaîne. Je presse le département du Morbihan de nous aider, j’ai bon espoir.
Chaque mercredi, vous recevez sur Tébéo une personnalité. C’est un exercice qui vous plaît ?
Dans « L’invité », j’ai interviewé Georges Fenech, Daniel Cohen et prochainement Luc Ferry. C’est un exercice essentiel pour moi : prendre de la hauteur sur des sujets de fond. J’anime aussi une fois par mois « Café du commerce ». Le but est de mettre en avant des acteurs économiques locaux. C’est un format qui me plaît et qui complète bien notre travail en presse écrite.