La chaîne cryptée, qui avait promu Cannes comme l'un de ses événements marquants pendant 28 années de suite, avait annoncé le 12 décembre qu'elle mettait fin à ce partenariat.
« Prenant acte du renoncement de Canal+, le Festival a signé un protocole d'accord avec France Télévisions et le média Brut », a déclaré la direction de la compétition cannoise dans un communiqué. La 75e édition du célèbre festival de cinéma est prévue du 17 au 28 mai.
Pour le directeur des antennes et des programmes de Canal+ Gérald-Brice Viret, même si « entre Cannes et Canal+, c'est une longue histoire d'amour », le compte n'y était plus.
Surenchère
« On a fait face à une surenchère de la part du service public, qui a proposé davantage d'argent que nous », avait affirmé le dirigeant au Journal du dimanche. « On ne voulait pas participer à cette escalade (...) L'audience n'est pas toujours à la hauteur avec environ 600 000 téléspectateurs par soirée de gala ».
La direction de Cannes lui a répondu le 16 décembre que ce n'était pas une question de budget, puisque les deux concurrents proposaient des montants « globalement similaires ». « C'est sur le contenu que la différence s'est faite », a-t-elle indiqué dans le communiqué.
Selon elle, « le groupe de télévision publique, unissant l'ensemble de ses chaînes (F2, F3, F5 et Culturebox), et le média Brut, à destination des jeunes et disposant d'une forte couverture à l'étranger, ont proposé, en s'associant, une perspective de travail inédite ».
La porte n'était pas fermée, au contraire, pour que Canal+ réponde par une meilleure proposition, laisse entendre la direction du festival.
« Rayonnement inédit »
« Il était convenu que le président du Festival de Cannes (et cofondateur de Canal+, ndlr), Pierre Lescure, propose qu'on puisse laisser à Canal+ la possibilité d'enrichir son offre avant qu'ait lieu une deuxième et dernière consultation des administrateurs », ajoutait le Festival.
Maxime Saada, président du directoire de la chaîne, se disait alors « ouvert à ces propositions », selon l'équipe de Cannes. Or, elle affirme avoir découvert « avec surprise » les déclarations de M. Viret mettant fin « unilatéralement » à une longue collaboration.
Loin du faste des années 90
Canal+ a « exprimé le désir d'être néanmoins présente sur la Croisette », et « nous l'accueillerons dans les meilleures conditions », souligne le Festival.
La chaîne avait progressivement abaissé les coûts de sa présence sur la Côte d'Azur, loin du faste et des longs directs quotidiens des années 1990.
Le festival « donne rendez-vous à la mi-janvier pour dévoiler, après quelques semaines de travail, les contours de ce nouveau partenariat » avec France TV et Brut.
Enjeux considérables
L'enjeu est considérable pour les deux nouveaux venus, un groupe de grande taille qui cherche à rehausser sa réputation avec des contenus culturels de qualité, et un média fondé il y a cinq ans seulement, tourné vers des audiences jeunes et des formats courts.
« Heureuse de la confiance accordée au service public et de la reconnaissance de notre engagement en faveur du cinéma. Le Festival aura un rayonnement inédit grâce à notre offre et à la passion de nos équipes », a écrit sur Twitter la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte.