« Je connais le fonctionnement médiatique de l’intérieur. Je sais la pression idéologique qui pèse sur les journalistes. Je sais comment ils fonctionnent, comment ils dénaturent, comment ils lynchent. » Ces propos, tenus par un candidat à l’élection présidentielle interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur RMC le 7 décembre, ne vont pas manquer de faire réagir les premiers intéressés. Une nouvelle fois, hélas. Car ce que ce candidat ne dit pas, c’est qu’il use et abuse d’un système médiatique opportunément pris pour cible. Pensez donc : plusieurs milliers d’articles, de Unes ou d’interviews depuis le début du mois de septembre, cela fait beaucoup. Trop, même, à l’évidence. Car ce bruit médiatique -au-delà de servir les intérêts d’un individu plutôt que d’une nation- déséquilibre dangereusement le débat politique. Avec la désagréable sensation qu’il suffit à ce candidat de remettre une pièce dans la machine pour que le spectacle se répète. Dans de telles conditions, le mieux serait d’écouter les conseils avisés de Jay Rosen, professeur de journalisme à New York, qui a vu une autre bête politico-médiatique piéger les médias à son avantage. « Ce qui est considéré comme un fait d’actualité dans les médias américains, c’est tout ce qui est surprenant, extraordinaire, crée du conflit, attire l’attention, choque. Cela a été exploité par Trump. Selon ces critères-là, à peu près tout ce que disait Trump pouvait être considéré comme un fait d’actualité. Donc, mon premier conseil aux journalistes français serait : ne pensez pas que vos routines actuelles vont fonctionner. Si vous avancez vers l’élection avec les hypothèses du journalisme politique traditionnel, vous finirez dans le fossé. » Après avoir servi de cheval de Troie.