Télévision
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel reproche à la chaîne d’information contrôlée par Vincent Bolloré de ne pas respecter ses obligations en matière de pluralisme en ayant beaucoup diffusé les interventions de l'exécutif et de La France Insoumise entre minuit et 6 heures.

Le CSA a mis en demeure à CNews de respecter ses obligations en matière de pluralisme, reprochant à la chaîne d'info contrôlée par Vincent Bolloré d'avoir largement relégué le gouvernement et la France Insoumise aux programmes de nuit, à des heures d'audience très faible. Dans une décision publiée sur son site le 3 décembre, le CSA a relevé qu'entre le 1er octobre et le 15 novembre, «une proportion très significative des interventions de l'exécutif et de La France Insoumise a été diffusée dans des émissions programmées entre 0h00 et 5h59».

Selon le décompte du CSA, «plus de 82% du volume total des interventions des membres de l'exécutif et plus de 53% du temps de parole des représentants de La France Insoumise» ont été diffusés sur cette tranche horaire. «Il apparaît de surcroît que l'exécutif et la France Insoumise ont été les seules catégories d'intervenants à faire l'objet de conditions de programmation aussi massivement défavorables et se traduisant, entre 6h00 et 23h59, par une sous-représentation marquée avec des proportions respectives de 8,6% et 3,7% du temps total d'intervention sur cette tranche horaire», ajoute le garant du pluralisme des médias en France.

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Le CSA indique avoir alerté le 3 novembre par courrier CNews, qui appartient à Canal+, détenu par Vivendi, sur «la nécessité d'assurer une exposition des formations politiques plus équilibrée au regard des horaires de diffusion». Le 23 novembre, le groupe Canal+ avait «contesté la position retenue par le Conseil et s'est abstenu d'annoncer des mesures susceptibles de résorber, même partiellement, les déséquilibres constatés».

«Hors période électorale - ce qui est encore le cas actuellement jusqu'au 1er janvier - la règle est de donner la parole un tiers du temps à l'exécutif (c'est-à-dire le président de la République, ses collaborateurs et les membres du gouvernement)», rappelle le CSA. Estimant que CNews n'a pas respecté ses obligations, le CSA met par conséquent en demeure la chaîne de s'y conformer «d'ici au 31 décembre 2021 et à l'avenir».

Interrogée par l'AFP, la direction de la communication de CNews a déclaré que «conformément à la loi, la chaîne CNews respectera les temps de parole au 31 décembre».

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Une mise en demeure constitue une sorte d'avertissement et expose CNews, en cas de récidive, à une sanction qui peut aller d'une amende à une suspension de la diffusion d'un programme, en passant par une privation temporaire de publicité.

Le procédé de reléguer certains politiques à des heures tardives est assez classique et CNews n'est pas la seule chaîne d'info en continu à l'avoir fait. Fin 2020, LCI s'était vue reprocher de diffuser des interventions de l'écologiste Yannick Jadot à des heures tardives.

Ce n'est pas la première fois que CNews a maille à partir avec le CSA. En septembre dernier, la chaîne avait dû priver sa vedette, Eric Zemmour, locomotive de ses audiences depuis 2019, de son émission Face à l'info, contrainte par le CSA, comme tous les médias audiovisuels, de décompter le temps de parole du polémiste, qui est devenu depuis le 30 novembre candidat à la présidentielle.

En juin dernier, le CSA avait par ailleurs déjà mis en demeure la chaîne, mais sur une autre affaire : il lui reprochait alors d'avoir trop donné la parole au candidat du RN pour les élections régionales en Ile-de-France, par rapport aux autres listes. Et en mars, le CSA avait infligé à CNews une amende de 200 000 euros pour «incitation à la haine» et «à la violence» après des propos d'Eric Zemmour, sur les migrants mineurs isolés.

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