Portrait
Valérie Salomon a fait un parcours sans vague, tout en surfant jusqu'au sommet de CMI France. Elle dirige désormais le deuxième éditeur de presse magazine en France.

Ne comptez pas sur la nouvelle présidente du directoire de CMI France (Elle, Télé 7 joursVersion Femina, Marianne, Franc-Tireur, France Dimanche...) pour les sorties de route. Tout semble contrôlé chez Valérie Salomon. À commencer par sa courtoisie et son allure : impeccables. Sa détermination et son implication transparaissent dans ses phrases sans aucune morgue ou prétention. Celle qui dirige le groupe dont le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est l'actionnaire, pèse ses mots comme elle soupèse les enjeux qui l'attendent. Elle a sa feuille de route bien en tête «Nous voulons accélérer la digitalisation du groupe, en développant les paywalls de Elle, de Marianne et de Franc-Tireur [l'hebdo, sorti le 17 novembre, affiche 60 000 ventes et 6 000 abonnés pour son n°1]. Nous allons poursuivre la diversification de nos marques en prenant exemple sur le Elle avec les 10 ans du Elle Active et regarder avec attention les opportunités de croissance externes qui nous permettraient de renforcer nos marques dans des univers complémentaires comme les nouvelles écoutes ou les nouvelles écritures comme le podcast ».

Ascension sans accrocs

Professionnalisme et clarté vont de pair chez cette femme. Et ce n'est pas Francis Morel, ancien PDG des Echos qui l'a embauchée lorsqu'il dirigeait le groupe Axel Springer en France, qui le dément : « C'est une femme discrète mais très efficace professionnellement, confie-t-il. Elle ne la ramène pas mais fait son travail. C'est très agréable de travailler avec elle. Elle est à l'écoute et sait alerter lorsqu'il y a un problème. Je ne l'a jamais vu agir par ambition forcenée. Elle doit ses nominations, à commencer par la dernière, au travail qu'elle a accompli. » À la tête des 600 salariés du groupe depuis septembre, la nouvelle boss semble s'épanouir : « Je pense être une bonne manageuse. Je fais confiance à mes équipes. Je prône un mode participatif mais je sais trancher et décider dès que c'est nécessaire » 

Son parcours ressemble à une ascension sans accrocs, à l'image de sa vie personnelle avec son mari et leurs trois enfants de 23, 20 et 15 ans : « Je suis une grosse bosseuse mais j'ai toujours préservé mon équilibre personnel. » Adjoignez-y une bande de copains indéfectibles qu'elle baptise « sa garde rapprochée » et l'on comprend que cette femme sait protéger sa sphère privée pour mieux s'exposer à la vie. Tous ses amis, avec lesquels elle part depuis une quinzaine d'années découvrir chaque été un pays en famille, viennent de Guingamp. Une ville qui la fait vibrer, où elle retourne sans cesse et où tout a commencé.

Fondue de foot

Elle y est née, aînée d'une fratrie de filles. Elle y puise ses fondements « des valeurs de paysans. On sait d'où l'on vient et comment on est arrivé là où l'on est, avec un attachement au travail très fort. » Son père, négociant en viande, est aussi président du club de foot de la ville. Elle avoue être une fondue de ce sport. Une passion qu'elle partage avec sa meilleure amie, Valérie Le Graët, fille de Noël, le président de la Fédération française de football. Elle a retenu les leçons de ce sport d'équipe, d'endurance, de performance, où la tactique et la persévérance ont leur place. Du côté de sa mère, prof de hatha yoga, elle a puisé calme et inspiration. Une discipline bien peu conventionnelle à l'époque : « Aux yeux de certains, cela avait des allures de secte. » Elle en a tiré une hygiène de vie et se souvient du conseil maternel de faire des respirations relaxantes quand l'existence la bouscule.

Fidélité et constance

Après une prépa aux écoles de commerce à Rennes, elle intègre Sup de Co devenue la Brest Business School. Son premier poste est au groupe L'Expansion, alors dirigé par Jean-Louis Servan-Schreiber. Elle a eu vent de l'opportunité par sa meilleure amie. Elle y tisse sa toile et son réseau et continuera à le faire partout où elle ira, avec fidélité et constance. Elle inspire suffisamment de confiance et de sérieux pour qu'on la recommande, d'un poste à l'autre. Le travail fait le reste, même s'il n'exclut pas le doute : « Il m'habite souvent. J'ai peur de ne pas y arriver. Cela fait écho à mon côté exigeant. Mais c'est finalement un moteur. » En fan de sport, elle rejoint ensuite le groupe de Jean-Claude Darmon pour un an avant de suivre Pierre Conte à la régie de RTL, RMC et Sud Radio. Elle y croise Alain Weil avant de quitter le confort d'une grande entreprise pour lancer la marque Springer en France : « Véronique Pican m'avait prévenue : ici, si tu fais tomber ton stylo, il faudra le ramasser et commander toi-même tes fournitures ». Pas de quoi l'arrêter. Aujourd'hui, celle qui se voit zen plutôt que sous contrôle aborde l'avenir de CMI France avec sérénité. Comme toujours.

Parcours

1999-2002. Directrice de la publicité et des partenariats RTL, RMC, Sud Radio

2002-2006. Directrice de la publicité d'Axel Springer France 

2006-2016. Directrice déléguée publicité du groupe Express Roularta 

2014-2016. Directrice générale d'Altice Media Publicité

2016-2020. Présidente de Lagardère Publicité puis de CMI Média

Depuis septembre 2021. Présidente de CMI France

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