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Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a publié son premier rapport sur l’éducation aux médias et à l’information. Et cela ne concerne pas que les jeunes.

Les irresponsables ne sont pas toujours là où l’on croit. « Les seniors sont ceux qui relaient le plus de fausses infos, ils ont plus de temps », constate Carole Bienaimé-Besse, membre du CSA, en présentant le premier rapport de l’instance sur l’éducation aux médias et à l’information (EMI), le 18 novembre. En s’appuyant sur une étude Science Advances de 2019, le CSA observe que les plus de 65 ans « partagent deux fois plus d'articles faux sur les plateformes que les 45-65 ans et même sept fois plus que les 18-29 ans ».

Des programmes destinés au jeune public

Pourtant, l’EMI reste encore souvent associée au Clemi, dépendant du ministère de l’Éducation nationale, et à sa Semaine de la presse à l’école auprès de 4 millions d’élèves. Une dimension pédagogique qui se retrouve dans l’éducation par les médias dont atteste Lumni (11,2 millions de téléspectateurs pendant le premier confinement) ou le tutorat de classes par des journalistes comme le pratique France TV, BFMTV ou France Médias Monde.

Selon le rapport du CSA, la plupart des programmes destinés à lutter contre la désinformation « vise le jeune public », comme l'illustre « L’info à suivre » sur TF1, « Un jour, une question » destiné aux enfants sur France 4, ou « Fais gaffe » de Gulli sur les dangers d’internet. L’instance recommande donc de « renforcer les initiatives à destination des publics adultes sur les antennes ». Même si, depuis la vague d’attentats de 2015, la prise de conscience ne se limite plus aux obligations des cahiers des charges des médias publics. Des modules de décryptage se sont multipliés au sein des JT (« Faux et usage des faux »,« L’œil du 20h » sur France 2, « Factuel » puis Les Vérificateurs sur TF1, « Expliquez-nous » sur M6), au sein des programmes (« Vrai ou fake », « L’envers du décor » sur Franceinfo) et via des chroniques dédiées (« Fact checking » sur RTL, « Les dessous de l’Infox » sur RFI). La vérification des faits, présente au niveau mondial à France 24 avec Les Observateurs, a aussi une place de plus en plus grande pendant les grandes interviews ou les débats.

Une frontière disparue

Mais comme l’a dit Sylvain Louvet de Brut, au cours d’une table ronde du Prix Albert-Londres, le 19 novembre, un écueil apparaît sur les réseaux sociaux : « La frontière entre faits et opinions a complètement disparu, l’info légitime aux yeux des jeunes est celle qui est la plus partagée ». D’où l’importance de la mobilisation des plateformes. L’équipe des Vérificateurs de TF1-LCI s’appuie sur ses propres canaux sur Facebook, Twitter, mais aussi Twitch, avec l’émission mensuelle FCdebunk, qui s’intéresse aux fausses infos et depuis peu aux « deep fakes ». Des images trompeuses qui sont aussi au centre du nouveau Les Révélateurs de France TV. À noter toutefois que seules quatre des onze plateformes en ligne ont rendu compte au CSA d’actions concrètes en matière d’éducation aux médias : Facebook, Google, Microsoft et Twitter. L'instance, qui deviendra l'Arcom le 1er janvier, compte sur sa prise en charge de l'Observatoire de la haine en ligne pour réguler les contenus digitaux. Il doit déjà lutter contre les infox et la propagation des discours haineux par des lois de 2018 et 2020. Il lui faut maintenant favoriser le visionnage critique.

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