Plus question de se faire piller par des géants du web des contenus produits par des rédactions sans en tirer la juste rétribution. C'est le cheval de bataille de nombre de médias, à commencer par la presse écrite. Ces médias s'appuient sur la directive européenne sur les droits voisins d'avril 2019, transposée en France par la loi du 24 juillet 2019. L'Organisme de gestion collective [OGC] est en train de se constituer pour obtenir, collecter et répartir ces rémunérations. C'est l'ancien patron de Radio France et ex-député européen Jean-Marie Cavada qui dirige l'organisme. Et Sibyle Veil, présidente de Radio France, annonce qu'elle rejoint cette structure : « Nous sommes le premier acteur de l'audiovisuel public en France à y participer et nous voulons ainsi ouvrir la voie à d'autres acteurs de l'audiovisuel et du service public ». L'OGC compte pour l'instant le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée (FNPS), le Syndicat de la presse d'information indépendante en ligne (Spiil). Le Geste et la Fédération française des agences de presse (Ffap) devraient aussi s'y associer.
Guerre de l'information
Avec l'arrivée de Radio France, l'OGC décroche un membre de poids, qu'il associera à sa gouvernance dans des termes non encore arrêtés : « Ma conviction est qu'une alliance est indispensable. Notre adhésion est une pierre apportée à une action volontariste. Il faut civiliser les règles du jeu numérique. Car il s'agit de lutter contre le piratage sauvage en ligne des contenus produits par les médias. Il faut une juste reconnaissance de leur valeur et une juste rémunération des auteurs et des éditeurs. C'est à ces conditions que le numérique ne détruit pas de valeur et ne menace pas la qualité et la diversité de l'offre proposée au citoyen », explique Sibyle Veil.
Pour la présidente de Radio France, le modèle économique vertueux des médias sur le numérique passe par la reconnaissance et le respect de la valeur de ce qui y est produit. Elle a déjà signé des accords pour la création de podcasts (avec la SACD) et leur diffusion (partenariats avec Deezer ou Spotify) et pour la musique (avec les labels indépendants de la SPPF). « Nous vivons aujourd’hui une guerre de l'information. Alors que la multiplication des sources va de pair avec l'appauvrissement de la qualité de l’information et le développement de la désinformation, il faut préserver les capacités à investir du temps et des ressources dans l’information de qualité. Et ce n'est pas compatible avec un système qui ne reconnaît pas la valeur de l'information produite. Un monde numérique non maîtrisé tarit les sources de financement alors que les coûts se multiplient avec le fact checking, l'info 24h sur 24, les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle », affirme Sibyle Veil. La Sacem, habituée à discuter avec les plateformes et très présente à l'international, devrait servir de modèle à l'OGC.
Les marques de Radio France rejoignent cet organisme, dont Franceinfo. La décision a été prise en concertation avec Delphine Ernotte puisque toute l'offre numérique de l'info de la télé publique est liée à Franceinfo. France Télévisions rejoindra-t-elle aussi l'OGC ? À suivre.