Facebook a appelé lundi 4 octobre un juge fédéral à rejeter pour de bon les poursuites «sans preuves valables» de l'autorité américaine de la concurrence (FTC), un des dossiers les plus menaçants contre le géant des réseaux sociaux accusé d'abus de position dominante.
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La FTC a déposé une nouvelle plainte en août, alors que sa première tentative avait été écartée par le juge fédéral de Washington James Boeasberg en juin. Elle y soutient que Facebook a «illégalement rachetés ou enterrés les nouveaux innovateurs quand leur popularité devenait une menace existentielle», en référence à l'application Instagram et à la messagerie WhatsApp.
L'agence «n'apporte aucune preuve valable pour qualifier Facebook de monopole illégal», rétorquent les avocats du groupe californien dans des documents déposés lundi 4 octobre.
Jugement «biaisé»
Ils estiment en outre que le dossier de la FTC ne tient pas, parce que la présidente de l'autorité, Lina Khan, ne serait pas neutre. Son implication «est d'autant plus inquiétante que ses commentaires publics sur Facebook vont bien au-delà du rapport du Congrès (qui sous-tend la plainte, ndlr) et révèlent que Madame Khan cherche à servir ses propres intérêts», argumentent-ils. Une critique par ailleurs émise par Amazon, qui dans une autre affaire critique la partialité supposée de la présidente.
La juriste de 32 ans, nommée à la tête de l'institution en juin par le président démocrate Joe Biden, est réputée pour son hostilité aux monopoles des grandes plateformes technologiques. Mais la FTC a déjà rejeté une requête de Facebook de la disqualifier.
Dans son dossier mis à jour en août, la FTC a fait valoir que «les réseaux sociaux personnels constituent un type de service en ligne unique et distinct», et un marché contrôlé à plus de 65% par Facebook, avec sa plateforme principale et Instagram - donc un monopole.
Des années de bataille
Facebook, accusé d'avoir accumulé beaucoup trop de pouvoir tant économique que politique et social, se démène pour se défendre sur de nombreux fronts depuis des années.
Le rythme s'est accéléré récemment avec les révélations d'une lanceuse d'alerte. Frances Haugen, une ancienne ingénieure, a fait fuité des documents qui montrent, selon elle, que la firme aux quelques 3,5 milliards d'utilisateurs mensuels choisit «le profit plutôt que la sûreté» de ses usagers. Elle devrait appeler mardi 5 octobre les élus américains à réguler Facebook, lors d'une audition au Sénat.
Pour ne rien arranger, la plateforme, Instagram, WhatsApp et Messenger ont été inaccessibles pendant environ sept heures lundi 4 octobre à cause d'une panne technique majeure.
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