J’ai démarré l’information à la télévision en 1988, quand TF1 venait d’être privatisée. L’idée qu’elle ait connu un âge d’or – une information plus rigoureuse, moins portée vers le spectaculaire – me semble totalement fausse. Les journalistes sont devenus plus rigoureux, plus consciencieux dans leur rapport au spectaculaire. Voyez Cinq colonnes à la une diffusant une scène de reconstitution de bataille, sans que cela ne soit signalé. La télévision met en scène, même les attentats. Elle a montré de la chair humaine, des ralentis sur des visages défigurés, en relatant ceux de 1986-1987 à Paris. L’information est aussi moins institutionnelle, plus tournée vers le reportage. Elle est devenue meilleure même si elle n’est pas parfaite.
Cela n’est pas venu spontanément. Au fur et à mesure que la télévision acquérait de la puissance, elle générait des contre-pouvoirs, avec, par exemple, Daniel Schneidermann. Ces critiques l’ont obligée à être plus vertueuse. Face à ces reconstitutions, ce spectaculaire, ces arrangements avec la vérité, elle s’est fait pincer. La réputation des rédactions est en jeu. À cela s’ajoute que les journalistes ont peu à peu acquis cette culture.
L’écho avec le combat contre les fake news et la désinformation actuellement ? Quand la télévision a vu apparaître internet, il a fallu se retrouver une raison d’être. Les rédactions devaient retrouver une plus-value : la certification de l’information.