Actionnariat
En tournant la page d’Universal Music, le groupe Vivendi se concentre sur les médias, l’édition et la publicité. Il va devoir démontrer ses synergies et reconstituer son chiffre d’affaires.

En introduisant 60 % des actions d’Universal Music Group [UMG] à la Bourse d’Amsterdam, le 21 septembre, le groupe Vivendi ne renonce pas seulement à une filiale dont il ne garde que 10 % des parts. Il s’ampute de 7,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en 2020, soit 46 % de ses revenus. Désormais, c’est un empire recentré sur les médias, l’édition et la communication (avec Canal+, Prisma, Lagardère, Editis et Havas), que Vincent Bolloré contrôle avec 27 % des parts. Bien sûr, l’opération est particulièrement profitable à Vivendi puisqu'UMG, valorisé 33 milliards d’euros, permet de distribuer à ses actionnaires 19,8 milliards d’euros, dont 5,3 milliards au premier d’entre eux, le groupe Bolloré. Mais les investisseurs se montrent sceptiques : ils ont apprécié, mardi 21 septembre, l’action UMG de 35 % en raison de la réussite de son virage numérique tandis que celle de Vivendi chutait de 14 %. Sans sa poule aux œufs d’or, que vaut un conglomérat aux actifs divers qui vont de l’audiovisuel à la publicité en passant par le jeu vidéo de Gameloft ? « Nous créons les conditions pour que la valorisation de Vivendi dans son ensemble soit supérieure à la somme des parties qui le composent », a assuré le président du directoire du groupe, Arnaud de Puyfontaine, qui entend bien édifier « des passerelles entre l'édition et l'audiovisuel, entre le gaming et le spectacle vivant, entre la musique et la publicité ».

Émissions communes

Pour cela, le groupe a donc intérêt à multiplier les synergies entre les différentes entités. À Lagardère News, le rapprochement entre Europe 1 et CNews s’est étendu au week-end avec des émissions communes (Après Punchline de Laurence Ferrari en semaine, on retrouve Le grand rendez-vous animé par Sonia Mabrouk et désormais la matinale de Thomas Lequertier). Ce pas de deux devrait s’accentuer jusqu’à aboutir, in fine, à une possible intégration dans le groupe Canal+ pendant que Paris Match et le JDD rejoindraient Prisma Media. Au passage, la régie Lagardère Pub pourrait donc être fondue dans les deux groupes. Mais encore faut-il attendre le rachat effectif des parts d’Amber Capital, totalisant 17,8 % du capital de Lagardère, qui aboutira au contrôle de 45 % du groupe par Vivendi et déclenchera automatiquement le lancement d’une OPA. Dans un communiqué, Vivendi s’est donné quinze mois, jusqu’au 15 décembre 2022, pour réaliser l’opération. En attendant, rien ne change : « Vivendi continuera de soutenir Arnaud Lagardère et son projet », a déclaré à Reuters une source proche d’Arnaud de Puyfontaine. Du côté des intérêts de la famille Arnault (10 % de Lagardère SA), on fait remarquer que nul ne sait ce que peut décider Vincent Bolloré d’ici là, la branche travel retail de Lagardère (Relay…) étant notoirement sous valorisée. Les perspectives de synergies entre Editis et Hachette, qui devront obtenir l’agrément des autorités de la concurrence avant tout rapprochement, pèseront aussi. Une fusion Hachette-Editis n’obligerait-elle pas à se séparer de plusieurs maisons d’édition sur le marché français ? Et avec son trésor de guerre issu d’UMG, Vivendi peut encore foncer sur d’autres proies dans les médias ou la publicité…

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