La directrice de la stratégie et de l’innovation de Vivendi est aussi une auteure confirmée issue d’une lignée d’écrivains. Portrait d’une femme qui tient serrées les rênes de sa vie.
Elle a l’allure altière et l'élégance des cavaliers, dont elle fait partie. Malgré un bassin brisé en quatre par une chute de son cheval, Félicité Herzog pratique toujours sa passion avec ses trois fils. C’est pour partager une activité avec eux qu’elle a d’ailleurs choisi le saut d’obstacles. Une discipline qui lui ressemble, tant elle aime surmonter les difficultés que la vie met sur son chemin. Sans jamais se détourner de ses desseins. À Vivendi, elle dirige la stratégie et l’innovation du groupe de médias, de communication et d'édition. « Je coordonne des actions autour des grandes mutations tech et transverses, de l’IA au cloud en passant par la data et le métavers, pour permettre à notre groupe d’anticiper, d’accompagner et d’intégrer ces mutations. Je fais aussi de la veille pour identifier les entreprises avec lesquelles on pourrait être partenaires sur ces nouvelles technologies. C’est un rôle d’impulsion et de coordination », détaille cette ancienne banquière d’affaires chez Lazard.
Dans son bureau se mêlent de discrètes photos d'elle avec ses garçons, une autre chez Areva où on la voit seule au milieu d’un escadron d’hommes, et un imposant cliché de l’Aiguille du Midi, à Chamonix, ville dont son père Maurice Herzog a été maire pendant une décennie. Il y a dix ans, elle a publié sur lui son premier roman Un héros – dédié à son frère schizophrène. Elle y révèle la part sombre d'un homme qui a mis en scène son ascension de l’Annapurna en 1950 et plus largement des grandes familles bourgeoises comme la sienne. Quand on lui demande si elle regrette d’avoir dévoilé les hontes tapies sous les ors des tapis fastueux, sa réponse jaillit : « Cela m’a sauvé, c’était une libération complète et indispensable. » Et qu’importent les académiciens qui lui ont battu froid pour avoir démonté la figure mythique. À 18 ans, elle a fui « pour [se] libérer de déterminismes familiaux ».
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Étudiante à Sciences Po, elle a assisté à la chute de la première pierre du mur de Berlin, avant de bosser au Gabon puis dans un Moscou dévasté sous Eltsine et de se frotter aux loups de la finance à New York. « Il faut un peu se jeter à l’eau dans la vie », lâche cette endurante. Spécialisée en fusions-acquisitions, elle a conseillé Orange pour la vente de Dailymotion à Vivendi. Le groupe ne l’a pas laissé filer. Elle tient bien serrées les rênes de sa vie de cadre dirigeant, de mère et d’écrivain chez Stock, l'une des maisons du groupe Hachette. « Je ne voulais pas que mon éditeur appartienne à mon employeur. » Ironie de la vie, Hachette devrait pourtant passer dans le giron de Vivendi. Pas de quoi faire dérailler Félicité Herzog, habitée par une détermination à tout réussir, coûte que coûte.
1993-1997. Financière chez Lazard Frères.
2007-2013. Directrice du développement chez Areva.
2012. Publie Un héros chez Grasset.
Depuis 2015. Conseil puis directrice stratégies et innovation chez Vivendi.
2022. Publie Une brève libération chez Stock.