Plateformes
La nébuleuse anti-vaccin est de plus en plus filtrée sur les réseaux sociaux. Mais elle peut compter sur l’activisme de ses groupes communautaires pour continuer d’être virale.

Il suffit de taper « anti-vaccin » sur Facebook. Si la plateforme filtre les résultats de la requête pour orienter vers un centre d’information sur le Covid-19 (avec des réponses émanant des organismes officiels de santé publique) ou des articles de presse, elle propose – avant même les contenus éditoriaux – de « rejoindre » différents groupes anti-vaccins où peuvent s’échanger intox et contre-vérités. « Facebook et YouTube sont les deux principales plateformes d’accélération des antivax, relève Tristan Mendès France, expert des usages numériques, elles leur donnent une visibilité qui leur permet d’aller au-delà de leur puissance organique ».

Grappes de communautés

Comme tous les réseaux sociaux, Facebook identifie et pousse des contenus qui ont un potentiel d’engagement. Et parce que les antivax surprennent et intriguent, ils sont de nature à susciter de la viralité. Pour cela, ils peuvent s’appuyer sur des groupes communautaires qui sont plus enclins à publier et à partager ce qui apparaît en contradiction avec un discours institutionnel et médiatique. « Ce sont aussi des grappes de communautés qui vont regarder les vidéos en entier, ce qui est valorisé par l’algorithme, poursuit l’expert, il suffit de l’effervescence de quelques milliers voire quelques centaines de personnes pour que cela devienne viral. »

Certes, les plateformes n’orientent plus vers des vidéos délirantes comme au début du covid. Mais, rappelle Tristan Mendès France, « on peut basculer dans un univers complotiste par des mots clés périphériques ». Le 25 août, Neal Mohan, chef de projet à YouTube, a fait valoir le travail d’une plateforme qui supprime « près de 10 millions de vidéos par trimestre, dont la majorité n'atteignent même pas les 10 vues ».

Ce qui est intéressant, c’est toutefois que la filiale de Google ne se contente pas de vanter la suppression des infox ou intox (1 million de vidéos dangereuses sur le covid ou avec des faux remèdes retirés) mais insiste sur la diminution des infos « erronées et nuisibles » (pas plus de 0,16 - 0,18% des vues), par la mise en avant des sources fiables. « Lorsque les gens recherchent maintenant des informations, ils obtiennent des résultats optimisés en fonction de la qualité, et non du caractère sensationnel du contenu », affirme le responsable, qui rappelle que les « contenus sensibles » érodent la confiance des annonceurs et marchent beaucoup moins bien que la musique ou la comédie.

Injonction contradictoire

Les plateformes américaines sont néanmoins très attachées à la liberté d’expression qui doit aussi déterminer l’accès aux contenus. YouTube rappelle que la science évolue constamment et qu’il n’est pas aisé de dire qui a raison. Si on peut s’appuyer sur le consensus des experts des organisations de santé, pas de problème, mais gare aux informations controversées qui peuvent désigner un mauvais coupable. Si elles sont écartées, cela « peut envoyer le message que les idées controversées sont inacceptables », observe Neal Mohan. On retrouve l’injonction contradictoire auxquelles sont soumis ces géants : « ils sont tenus d’être proactifs mais on s’inquiète qu’ils jouent un rôle dans le débat public », conclut Tristan Mendès France.

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