Social media
Chacun dans leur style, les réseaux sociaux sont aussi le lieu du bon mot et des vannes en tout genre. Des neurchis aux #challenges, voici un petit panorama des tendances du « social humor ».
  • Les « Neurchis », un mini réseau social dans le réseau social 

Ils en avaient marre de voir toujours les mêmes drôleries sur internet. Alors pour éviter de commenter « old » sur tous les posts [pour indiquer que c'est du déjà-vu], des utilisateurs ont créé les « neurchis », verlan de « chineurs », pour y trouver la crème de la crème des contenus du web sur un sujet. Lancée il y a trois ans environ, la tendance se présente sous la forme de groupe privé sur Facebook. Les intéressés doivent répondre à un certain nombre de questions pour y être acceptés, et chacun peut ensuite publier. Des posts « LoL » avec « Neurchi de mèmes » au plus sérieux avec « neurchi de sciences », en passant par le « neurchi de questions inexistencielles » [sic], les neurchis touchent à tout. Contenus sur des séries, des films, des domaines professionnels, entre sérieux, ressources de connaissances ou moqueries assumées, tout y passe. Le moteur de recherche Neurchi.net en recense 742 dans la « neurchisphère », mais selon Facebook, « 1,6 million de personnes sont en France membres de plus de 2 800 groupes Facebook actifs liés à des posts de type Neurchis. » À ce rythme, c’est une déferlante. « Et toute cette croissance se fait en organique », commente Marcus, 22 ans, modérateur et créateur de « Neurchi de marketing claqué » : un groupe d’échange de publicités et de coups de com totalement ratés. « Au départ, l’idée est venue d’une discussion entre amis. Aujourd’hui, nous regroupons 62 000 personnes », décrit-il. Lui-même, professionnel du marketing, est étonné des chiffres. Le taux de visibilité dépasse souvent les 50 %. Les neurchis constituent de véritables médias spécialisés et collaboratifs : « Ce qui fait que ça marche, c’est que n’importe qui peut être contributeur et avoir du succès, apporter sa pierre à l’édifice, ajoute Jérémy, 26 ans, modérateur du même groupe. C’est un mini réseau social dans le réseau social. » Avec une liberté de ton qu’on ne retrouve pas dans le fil d’actualité et qui renoue avec l’humour 2.0, souvent potache, parfois limite. Mais les règles y sont pourtant très strictes et les modérateurs peuvent bannir un utilisateur ou supprimer un post à leur guise. « Le but des neurchis c’est de garder le meilleur du meilleur, d’éviter les posts déjà vus et les commentaires qui ne servent à rien », argue Marcus. Exit, donc, les « tags sauvages » (notifier quelqu’un sous une publication) pour montrer une blague bien sentie, les émojis rigolards, ou les débats infinis. « Le but est d’avoir des commentaires qui apportent des choses, même si ce sont des blagues, mais qui suivent le concept du neurchi », poursuit le modérateur. Si certains neurchis jouent beaucoup avec la grivoiserie, ou si d’autres flirtent avec la haine en ligne, les règles de Facebook s’appliquent à la lettre, et aucun neurchi n’est à l’abri de se faire « Zucker », c’est à dire supprimer par le « grand Zuck » (Mark Zuckerberg, PDG de Facebook). Il faut ainsi rester sous le radar des robots de modération automatique. Au risque de voir le neurchi supprimé sans sommation, et de devoir reconstruire la communauté depuis le début…

  • TikTok, à chacun son challenge

Les « hashtag challenges » sont LA signature de TikTok. Ils se retrouvent facilement dans l’onglet Découvrir - le lieu de toutes les tendances du réseau social - et leur viralité est au rendez-vous. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2020, le #WipeItDownChallenge a fait 2 milliards de vues, le #JeResteChezMoi, 660 millions, ou encore le #BlackLivesMatter, 25 milliards. Les humoristes sont donc de plus en plus nombreux à créer un compte TikTok pour se faire connaître, en s’intégrant aux défis du moment, en les détournant, ou en tentant même de lancer leurs tendances. À l’instar de Khaby Lame, le concept du #Collage, réalisable avec la fonction « Stitch » de TikTok, permet aux utilisateurs de sélectionner un extrait de la vidéo d’un autre compte d’une durée maximale de 5 secondes, et de réagir en vidéo à cet extrait. Souvent pour en rire…

  • Twitter, les grands détournements

Le concept de « mème », un élément ou un phénomène que les internautes se plaisent à reprendre, à détourner et à décliner en masse, n’est pas né sur Twitter mais on peut dire que c’est là que la tendance s’est épanouit. Et le phénomène est loin de faiblir. « Peut-être était-ce un moyen de faire face à cette période difficile », pense-t-on à Twitter France. Des photos aléatoires ont transformé des personnages ordinaires en célébrité du jour au lendemain, grâce à des légendes virales puisant dans la culture populaire et les plaisirs quotidiens. Le dernier en date est né après le France-Suisse de l’Euro 2021. Luca Lutenbach, supporter suisse, a vu son ascenseur émotionnel avant/après la remontada suisse, s’afficher partout sur internet. Citons aussi le « How it’s started - How it’s going », concept qui consiste à publier deux photos pour accompagner ces deux légendes, dont certaines occurrences ont passé la barre des 2 millions de « J’aime ».

  • YouTube et les « pranks »

Comment parler de l’humour sur internet sans évoquer la plateforme de Google. De nombreux professionnels de l’humour aujourd'hui se sont d’abord fait connaître sur Youtube : Norman, McFly et Carlito, Natoo… Et les plus anciens, à la carrière déjà plus avancée, ont su manier la plateforme : VDB ou encore Haroun… En 2019, l’humour, toujours mené par Squeezie, Cyprien et Norman, conservait la tête du classement des chaînes les plus puissantes du réseau social, avec 14 milliards de vues. Aujourd’hui, le format le plus « apprécié », celui que l’on retrouve systématiquement dans l’onglet Découverte, est le « Prank », digne héritier de la caméra cachée.

  • Instagram, les voice-over prisés par les jeunes

En juillet 2020, Instagram lançait Reels, son quatrième format. Une fonctionnalité qui permet de tourner de courtes vidéos enrichies d'animations créatives. Objectifs : attirer les très jeunes utilisateurs sur sa plateforme. Les humoristes s’y sont rapidement essayés. Court, dynamique, le format dispose de la fonction Remix, qui permet de répliquer ou commenter d’autres vidéos. La tendance du moment chez les tout jeunes instagrameurs : reprendre d’anciens sketchs (Un gars, une fille, Éric et Ramzy, Kaamelott…) et de les reproduire en saynètes. Elise (@elise_cm), près de 700 000 abonnés, en a fait sa spécialité.

Lire aussi : Humour en ligne : les instagrameuses répliquent

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