Sur la période septembre-octobre, les radios dans leur ensemble ont rassemblé 40,9 millions d'auditeurs, contre 41,5 un an plus tôt, selon l'enquête 126.OOO de Médiamétrie. Le télétravail pèse sur l'écoute en voiture ou dans les transports en commun.
Dans cette rentrée marquée par la crise sanitaire, France Inter a vu toutefois son audience cumulée (AC) progresser de 0,8 point par rapport à un an plus tôt, à 12,5% et sa part de marché (PDA) passer de 12,5% à 13,3%, confortant son statut de station la plus écoutée du pays, devant RTL (-0,3 point à 11,1% en audience cumulée, +0,1 point à 12,7% en PDA). «Je souhaite tout d'abord me réjouir du fait que les médias dit traditionnels emportent l'adhésion d'auditeurs de plus en plus nombreux sur les antennes de Radio France, groupe pour lequel je travaille depuis quarante ans», confie Laurence Bloch, la directrice d'Inter.
Un point de vue que partage évidemment Dana Hastier, directrice des antennes et de la stratégie éditoriale de Radio France :«Ces résultats sont comme un peu de soleil dans l'eau froide. Les sept antennes du groupe vont bien, ce qui signifie que notre offre globale est bien positionnée. Elle correspond à l'attente des citoyens qui paient la redevance. Cela donne une légitimité totale à notre offre d'info, de culture et de divertissement car nous sommes aussi là pour faire plaisir aux auditeurs. Ces résultats avec 15,4 millions d'auditeurs quotidiens, soit un million de plus en un an envoyent un message rassurant sur l'état de notre pays, malgré le complotisme, les tensions et les crises. Ce sont autant de citoyens qui approuvent la rigueur de l'info et sa vérification, la parole donnée aux intellectuels, aux experts et aux artistes. Notre groupe est puissant car il repose aussi sur trois antennes très puissantes que sont France Bleu, Franceinfo et France Inter».
L'info, la culture et l'humour, clés du leadership de France Inter
Laurence Bloch ne boude pas son plaisir de diriger une radio leader sur les deux critères, de l'audience cumulée et de la part d'audience : «Je suis tellement fière de ces résultats et c'est une fierté teintée de gravité car c'est une responsabilité d'être la première radio de France. Je suis très contente que nos tranches d'info soient largement leaders, car elles mettent en avant une info vérifiée, plurielle et qui se fonde sur un travail sur le terrain et qui traite de la réalité et pas d'autre chose. Les auditeurs font confiance à l'info que l'on délivre. Nous sommes leaders de 5h à 9h et même au-delà désormais car l'émission d'Augustin Trapenard, Boomerang, dans laquelle seule la parole des artistes règne, devient pour la première fois leader sur sa tranche. Cela me conforte dans l'idée que rien n'est plus fédérateur que la culture. Mon autre motif de satisfaction repose sur les résultats de La Bande Originale de Nagui qui frôle les deux millions d'auditeurs. Il a su s'entourer de plusieurs générations d'humoristes et cette inter-générationalité est un succès, comme la venue de 24.000 auditeurs supplémentaires de moins de 35 ans, soient 1.124.000, ce qui fait qu'ils composent un sixième de notre auditoire. Il ne me reste plus qu'à réfléchir à de nouveaux formats pour créer encore plus de liens entre les citoyens».
RTL, seul groupe privé qui progresse
RTL, la station généraliste du groupe M6, réussit à faire sensiblement progresser sa part d'audience, à 12,7% (+0,1 point). «C'est une bonne rentrée pour les radios du groupe, puisque nous sommes le seul groupe de radio privé à voir sa PDA progresser de 0,1%, déclare à Stratégies Régis Ravanas, directeur général des activités audio du groupe. Sur RTL de la prématinale jusqu'à 18h, quasiment tous nos programmes sont en progression. Il s'agit de la deuxième meilleure rentrée de notre station avec 12,7% de PDA, sachant que notre record est de 12,8% en 2017. Ce qui soutient notre croissance, c'est la matinale d'Yves Calvi, qui réalise son meilleur score avec 14,3% de PDA. Le quart d'heure le plus puissant étant celui de 8h45-9h qui réunit Laurent Gerra et Cyril Lignac. Notre marge de progression concerne la tranche de 18h-20h et je viens de m'en entretenir avec Thomas Sotto», nous confie-t-il. Selon nos informations, cette tranche affiche -20% par rapport à l'année dernière.
NRJ reste la troisième radio malgré un repli de 0,5 point à 9,2% en audience cumulée et 6,2% en PDA soit -0,1%. «C'est la radio musicale qui se redresse le plus depuis le premier confinement», et elle reste «la première radio privée chez les moins de 65 ans», souligne la directrice déléguée du groupe, Maryam Salehi. Le groupement les Indéradios est aussi en recul, à 14,2% en AC et 10,9% en PDA, mais il est désormais constitué de 129 stations contre 131 il y a un an.
«Besoin d'une information fiable»
Franceinfo démarre la saison en trombe (+0,9 point, à 8,8% en AC et +0,6 point, à 4,4% de PDA). «C'est notre meilleure rentrée depuis 13 ans, la meilleure depuis 8 ans pour la matinale et la meilleure depuis 12 ans pour l'interview politique de 8h30», relève son directeur Vincent Giret. En pleine pandémie, «il y a eu vraiment un besoin d'une information fiable, sécurisée et impartiale, et les Français sont venus chez nous pour la trouver». Avec les performances d'Inter et de France Bleu (+0,3 point à 6,3% en AC et +0,2pt à 5,9% de PDA), «c'est un vrai plébiscite pour nos trois chaînes grand public qui fédèrent les Français au niveau national et local et les accompagnent dans cette crise», a déclaré à l'AFP Sibyle Veil, la patronne du groupe Radio France, dont l'ensemble des antennes sont écoutées quotidiennement par 15,4 millions de personnes, soit «4 auditeurs sur 10».
France Culture signe en outre une rentrée record (+0,1 point en AC et 2,6% soit +0,2% en PDA), portée par les moins de 50 ans. Pour sa directrice Sandrine Treiner : « Cette vague fait la preuve par trois de nos choix. Nous atteignons 3 points d’audience et nous faisons la meilleure rentrée de l’histoire de la station avec un triple record en auditeurs, en audience cumulée et en part d’audience (...). France Culture résiste à la déviance de son temps où les médias qui progressent d’habitude le font grâce à de mauvais génies. Nous plébiscitons le temps long et le temps de l’analyse dans l’époque du cash».
RMC et Europe 1 à la peine
Parmi les radios privées, RMC est en retrait (-0,7 point à 6,1% en AC et -0,4 pt, à 5,4% en PDA). La radio a remplacé à la rentrée le présentateur star de sa matinale Jean-Jacques Bourdin par Apolline de Malherbe et l'audience est un peu bousculée, de l'ordre de -15% selon nos informations.
Europe 1 cède 0,3 point à 4,9% en AC mais reste stable en PDA . Mais la station «remonte doucement par rapport à juin et conforte sa part d'audience dans un marché chahuté», relève sa dirigeante Constance Benqué. «C'est la première fois depuis six ans que la station affiche une telle stabilité en début de saison. Cela nous donne confiance en l'avenir, tout comme la progression de 20% de notre part d'audience auprès des CSP+».
Enfin, les musicales affichent des scores contrastés : bons chiffres pour RTL2 ou RFM, quand Fun Radio ou Virgin peinent. «Les musicales pour adultes résistent bien, mais la situation est plus difficile pour les radios musicales jeunes, parce qu'elles doivent se battre à armes inégales avec des plateformes qui n'ont pas les mêmes contraintes, comme les quotas», commente Régis Ravanas.
«Il est plus qu'urgent de s'asseoir autour d'une table pour desserrer ce carcan des quotas pour partie obsolète», renchérit Maryam Salehi, de NRJ.
