Télévision
Après l’échec de sa vente, la chaîne africaine d’information d’Euronews a dû relocaliser à Lyon ses équipes. Pour autant, elle n’a pas renoncé à ses ambitions de média panafricain.

Informer les Africains, qu’ils soient francophones ou anglophones, du Sénégal, du Rwanda, d’Angola ou d’Algérie : telle est l’ambition d’Africanews, la chaîne d’information lancée par Euronews il y a bientôt cinq ans. « Nous proposons une vision panafricaine de l’information, africaine comme internationale, avec pour principe la fiabilité, l’indépendance et le sérieux », résume François Chignac, son rédacteur en chef. « Nous sommes convaincus qu’il y a de la place pour un média panafricain, mais il faut être patient », renchérit Michael Peters, PDG d’Euronews.

L'échec d'une vente

Depuis son lancement début 2016, la chaîne et ses 54 salariés, dont 32 journalistes, étaient installés à Pointe-Noire, en République du Congo. En juillet dernier, elle a dû plier bagages après l’échec de sa vente à l’homme d'affaires malgache Ylias Akbaraly. Direction Lyon, le siège d’Euronews, afin de mutualiser les infrastructures techniques et ainsi réduire ses coûts. « Nous avons dû adapter le modèle économique d’Africanews pour rendre plus facile le retour sur investissement », explique Michael Peters, qui vise l’équilibre d’ici à cinq ans.

Une partie des journalistes africains avec lesquels la chaîne travaillait a suivi, même si tout le monde n’est pas encore arrivé en raison de problèmes de visas liés à la crise sanitaire. À terme, les effectifs d’Africanews auront été réduits de 30 %. Neuf journalistes sur dix seront natifs d’Afrique, avec la plus grande diversité géographique possible (Côte d’Ivoire, Nigeria, Ouganda…). La chaîne s’appuie aussi sur un réseau d’une cinquantaine de stringers, des correspondants locaux implantés sur tout le continent.

La situation actuelle est peut-être transitoire. « Il faut qu’Africanews ait des pieds en Afrique », martèle le patron d’Euronews. Des discussions sont en cours en ce sens, avec parmi les pistes envisagées, une solution intermédiaire, avec un noyau dur à Lyon et plusieurs antennes régionales sur le continent africain.

Rude concurrence

Dernier arrivé, Africanews fait face à une rude concurrence. France 24 est regardée chaque semaine par 40,2% des habitants dans les huits pays francophones de la zone Africascope de Kantar. La BBC ou CNN sont aussi bien implantées en Afrique anglophone. Pour augmenter son audience sur cette zone, Africanews a rejoint début 2020 les offres du groupe Multichoice. Selon la dernière étude Ipsos Affluent Africa de septembre, la chaîne est connue par 46 % de cette cible des Africains aisés et près d’un sur trois la consomme, que ce soit en TV ou en digital. « L’audience d’Africanews se porte plutôt bien », assure Michael Peters, qui rappelle que la chaîne est disponible dans plus de 21 millions de foyers sur le continent.

Autre équation à résoudre, celle des revenus publicitaires. « Le marché panafricain est naissant mais j’y crois dur comme fer », martèle le dirigeant. C’est d’ailleurs pour accompagner son développement qu’Euronews vient d’ouvrir un bureau commercial à Johannesburg, en Afrique du Sud. Aujourd’hui diffusée en deux langues (français et anglais), la chaîne réfléchit aussi à des décrochages en swahili.

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