Audiovisuel
Pour son nouveau mandat, la présidente de France Télévisions se prépare à agir sur le front de la culture et de l’éducation. Et à créer un média social.

« Je veux un service public qui émerveille, qui étincelle… ». Le 21 juillet, lors de son audition au CSA, Delphine Ernotte a donné le ton de sa partition pour les cinq ans à venir. Alors que la PDG s’attèle dès septembre à définir la « raison d’être » de l’entreprise, et avant des états généraux sur la télévision, elle entend démontrer l’utilité de son média public. Revue d’objectifs.



1/ Relancer la culture. Secteur sinistré par le Covid, le spectacle vivant et le cinéma doivent bénéficier du soutien de la télé publique. Delphine Ernotte souhaite « réinventer le spectacle vivant à la télévision » en l’exposant mieux et en créant de nouveaux moyens de captation afin qu’il touche davantage de monde. Il s’agit aussi de programmer plus de films, par exemple les mercredis et samedis avec la fin des jours interdits de cinéma. Ses accords avec le Bloc et l’ARP, en février 2020, l’engagent à diffuser 250 films de cinéma sur ses antennes et 50 films en non linéaire.



2/ Surinvestir la création. Delphine Ernotte a consenti à un effort de 20 millions d’euros supplémentaires dans la création audiovisuelle, portant de 480 (dont 60 pour le cinéma) à 500 millions le budget qui lui est dédié. La PDG, candidate à la présidence de l’Union européenne de radio-télévision (UER), compte sur son alliance avec la ZDF et la Rai pour multiplier les coproductions internationales, comme avec Leonardo, Le Tour du monde en 80 jours ou Germinal. Grâce à une performance publicitaire réévaluée en juillet, le groupe table sur une perte limitée à 20 millions d’euros en 2020.

 

3/ Redéfinir les identités de chaînes. « Je dédierai France 5 à la prise de conscience écologique », a déclaré la PDG au CSA. En ce sens, l’émission Sur le front de Hugo Clément sera transférée sur la chaîne l’an prochain. France 3, de son côté, va inverser son modèle avec 50 % de programmes régionaux en plus et surtout, en devenant treize chaînes régionales, décrochant en national. France 4, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale, a un an pour prouver qu’elle peut être une chaîne éducative, soutenant les devoirs après l’école, favorisant l’apprentissage des langues étrangères ou l’éducation artistique.



4/ Créer un média social. Outre Salto, avec TF1 et M6, Delphine Ernotte mise sur une « plateforme de débats à l’échelle européenne » sur des sujets touchant les jeunes. Dans le cadre d’une « écologie numérique » (ni infox ni troll), elle souhaite « renforcer la conversation en passant d’une logique de plateforme à celle de média social ». Autour de France.tv et Franceinfo, le groupe s’adressera aux jeunes publics, notamment les enfants avec Okoo ou Lumni. Un futur agrégateur, France Média +, vise à donner à voir la richesse de la production. France.tv se définit de plus en plus comme un site de destination, un tiers de son audience venant de ses fictions numériques. Une chaîne numérique olympique a été en outre annoncée pour Paris 2024.



5/ Assurer un plan d’inclusion. Après avoir porté de 25 à 42% la part de femmes expertes sur ses antennes et s’être engagée à respecter des quotas d’œuvres de réalisatrices, Delphine Ernotte veut mieux inclure la diversité, donner sa place à la ruralité et améliorer la représentation des CSP-.

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