Rentrée
La période de confinement a bousculé la radio, atomisant ses revenus publicitaires et affaiblissant son audience. S'ensuivent des grilles de rentrée qui conjuguent budgets contraints et volonté de stabilité.

C'est une rentrée pleine de défis. Entre le 11 mai et 5 juillet, les radios ont accusé une baisse de 6,1% de leur audience en semaine et de 9,5% pour les tranches matinales. En cause : les changements d'habitudes post-confinement : 22% des interviewés par Médiamétrie ont déclaré un taux d'activité inhabituel (télétravail et activité partielle). Ajoutez à cela une chute des recettes publicitaires. « La radio est pourtant le média qui a le moins souffert du Covid-19 », souligne Philippe Nouchi directeur de l'expertise média chez Publicis (lire encadré). 

Pas de révolution

La prudence est le mot d'ordre des directeurs d'antenne face à cette situation complexe. Les grilles s'en ressentent. « On n'a pas fait la révolution. On n'avait pas de raison de la faire puisque nos auditeurs sont là » confirme Laurence Bloch, directrice de France Inter, dont les audiences historiques se confirment vagues après vagues. 

Même volonté de consolidation du côté de Régis Ravanas, directeur général des activités audio du groupe M6. « On s'appuie sur notre colonne vertébrale, qui nous a permis d'afficher deux fois de suite un record en part d'audience à 13,4 %. On l'a consolidé avec l'arrivée de nouvelles personnalités. » Quant à Europe 1, sa présidente Constance Benqué entend rester sur la trajectoire définie à son arrivée à la mi-2019. « Cette année, dit-elle, nous nous inscrivons dans la continuité en gardant nos animateurs, en poursuivant nos émissions et en les enrichissant. Nous avions posé nos fondamentaux l'année dernière avec notre nouvelle signature “Écoutez le monde changer”; des territoires éditoriaux clairs - l'info, le divertissement et la culture -; des valeurs - l'impertinence, l'esprit et l'humour - et une cible : les CSP+

Cela n'empêche pas quelques changements. À RTL, exit Thomas Hugues, Bixente Lizarazu (arrivé sur Radio France), Sidonie Bonnec (arrivée sur France Bleu), Jacques Pradel (qui prend sa retraite). Stéphane Bern, parti sur Europe 1, est remplacé par Bruno Guillon, qui conserve sa matinale sur Fun Radio. Pascal Praud étend par la même occasion son créneau d'une demi-heure, comme Julien Courbet. Une stratégie opérée sur Les grosses têtes dès janvier et qui permet de répondre aux contraintes financières et de faire grimper la part d'audience. RMC y a aussi recours en généralisant ses tranches de trois heures.

La radio du groupe M6 propulse aussi des animateurs télé maison : Ophélie Meunier (pour Le Journal inattendu), Cyril Lignac avec des astuces cuisine tous les matins et Karine Le Marchand, en tandem avec Laurent Baffie le samedi à 10h. « Je connais son talent et je pense qu'elle peut nous apporter sa modernité, sa féminité et sa diversité, souligne Régis Ravanas. Nous accueillons aussi Éric Brunet à 13h le dimanche. Preuve que l'on joue les synergies sans se priver de grands talents de groupes concurrents comme Thomas Sotto et Laurent Ruquier (France Télévisions), Yves Calvi et Pascal Praud (groupe Canal+). Nous lançons aussi une nouvelle appli et une plateforme de podcasts. »

Nouveaux podcasts

Son challenger, France Inter, place sa rentrée « sous le signe de l'intelligence et de la malice car il en faut dans cette époque incertaine, angoissante et fragile, affirme Laurence Bloch. Nous accueillons Mathilde Serrell et l'économiste Thomas Piketty (dans la matinale), Laurent Bigorgne, (de l'Institut Montaigne dans On n'arrête pas l'éco le samedi), la sexperte Maïa Mazaurette et l'humoriste Morgane Cadignan dans La Bande Originale. » Parmi les promotions internes, Bruno Duvic mène le 13h-14h, Rebecca Manzoni installe son Pop N' Co le samedi matin et Dorothée Barba s'adresse aux familles le dimanche matin. « Mais notre rentrée se fait aussi avec de nouveaux podcasts pour enfants dans la lignée de Une histoire et... Oli et Les Odyssées téléchargés 20 millions de fois. Nous lançons Bestioles avec Denis Cheissoux et Olma de Mathieu Vidard. Nous proposons aussi une tournée des humoristes menée par Daniel Morin et une adaptation théâtrale tirée d'Affaires sensibles avec Fabrice Drouelle au théâtre Tristan Bernard. Enfin, nous copublions Femmes puissantes de Léa Salamé (ed. Les Arènes), Grand bien vous fasse d'Ali Rebeihi (Prisma) et On va déguster l'Italie (Marabout) de François-Régis Gaudry. »

Stabilité et quelques changements aussi pour Europe 1 avec l'arrivée de Julian Bugier au 18h-20h et de Stéphane Bern l'après-midi. Jeu de dominos pour Patrick Cohen qui reprend Europe Midi, à 12h30. Frédéric Taddéï lui succède le week-end et cède son En balade avec à Pascale Clark. Bernard Poirette quitte la station pour Radio Classique. RMC tourne aussi une page avec l'arrivée d'Apolline de Malherbe aux commandes de sa matinale, Jean-Jacques Bourdin conservant son interview de 8h35. La station lance notamment Top of the foot sur le créneau 18-21h. Enfin, les autres antennes jouent la stabilité. Salhia Brakhlia rejoint Franceinfo pour coanimer l'interview politique de 8h30. Ces changements dans la continuité convaincront-ils les auditeurs ? À suivre!

Une baisse relativement maîtrisée

D'après les prévisions de Zenith, le marché en 2020 sera de -13% net en radio, -17% en télé, -24,5% en presse et -25% en affichage. « Grâce au bon été que nous avons fait, confirme Constance Benqué, présidente d'Europe 1 et de Lagardère News, nous sommes à -15% versus 2019 alors que nous avons enregistré -60% entre fin mars et fin mai. » Côté RTL, le chiffre d'affaires pub des radios affiche -27,2% versus le 1er semestre 2019.

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