Déjà très présente sur Internet depuis des années, la galaxie «antivax» (anti-vaccins) est dynamisée et rendue
plus visible par la pandémie. La vidéo «Plandemic» a été vue des millions de fois sur YouTube et d'autres plateformes depuis mai. Parmi la multitude d'infox qu'elle relaie sur le Covid: «les vaccins ont tué des millions de gens». Quant à cette liste de substances aux noms inquiétants (phénoxyéthanol, chlorure de potassium etc...)
censées être contenues dans les vaccins en quantités toxiques (ce qui n'est pas le cas), elle a été partagée des milliers de fois sur Facebook fin avril.
Sous ces publications, des centaines voire des milliers de commentaires d'internautes qui disent déjà qu'ils ne comptent pas se faire vacciner.
La rhétorique anti-vaccins n'est pas neuve mais gagne en visibilité à la faveur d'une pandémie à l'ampleur inédite, expliquent des spécialistes interrogés par l'AFP.
Des chercheurs du monde entier se sont lancés dans une course contre la montre pour trouver un vaccin, avec l'espoir, d'un vaccin dans plusieurs mois, au mieux.
Chambre d'écho
L'opposition vaccinale ne date ni d'internet ni du Covid mais Facebook, Twitter ou YouTube ont créé «une sorte de chambre d'écho» très efficace pour les infox anti-vaccins, explique Sylvain Delouvée, chercheur en psychologie
sociale à l'Université de Rennes 2, qui rappelle le «consensus scientifique» clair en faveur de la vaccination.
Malgré la volonté affichée de ces plateformes de limiter la viralité des contenus anti-vaccins, ils y prolifèrent, et en tirent une importance démesurée, dit M. Delouvée.
Complotisme
Très motivée, fortement liée au complotisme en général, «protéiforme, sans identité clairement définie», la galaxie anti-vaccin sur internet se nourrit de plusieurs discours, dépassant souvent les clivages politiques, comme la critique de Big Pharma, explique aussi M. Delouvée, qui relève les mêmes résurgences d'infox qu'avant la pandémie.
Certaines ressurgissent telles quelles - comme ce visuel prétendant à tort que les vaccins contiennent exactement la même chose que les injections létales des condamnés à mort- d'autres avec, en plus, une référence au Covid.
En réalité, il est difficile de savoir «si les opposants aux vaccins sont plus actifs à cause de la pandémie ou s'ils sont plus visibles à cause de l'attention très importante accordée à la pandémie», relève David Broniatowski, de l'Université américaine George Washington.
Hésitation vaccinale
«Les groupes "antivax" (...) ont tendance à être très actifs en permanence, (le Covid) les a juste redynamisés», pense pour sa part Amelia Jamison, de l'Université du Maryland aux Etats-Unis.
En 2019, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé l'«hésitation vaccinale» comme l'une des dix menaces sur la santé mondiale. Selon une enquête menée par la fondation caritative Wellcome Trust, en 2018, 7% des personnes interrogées dans 140 pays ne pensaient pas que les vaccins soient sûrs, tandis que 11% n'avaient pas d'avis.