En diffusant les 9 et 10 juin les demi-finales de la Coupe d’Allemagne de football, la chaîne a marqué le retour du sport en direct et en clair à la télévision française. Cela faisait depuis la mi-mars que ce n’était pas arrivé, depuis que le coronavirus a mis le monde sur pause. Et la chaîne en mode rétro. « Les films, les archives, ce sont des compléments très bien, mais cela ne remplacera jamais le direct », assure Jérôme Saporito, directeur du pôle TV du groupe L'Équipe. Et tant pis si les matchs se jouent sans public : L’Equipe a décidé de recourir à des sons d’ambiance, captés avant que le huis clos ne gagne les stades de foot, comme BeIn Sports l’a fait depuis la reprise de la Bundesliga mi-mai. « Le sport, c’est une performance sportive et un spectacle. Ce type d’outils permet de soutenir le côté spectaculaire quand le stade est vide », estime Jérôme Saporito.
Rebatir une grille à la hâte
Les 24 et 25 juin, la chaîne L’Équipe diffusera aussi, en prime time, sa première série documentaire, Lens, de sang et d’or, réalisée par Elide Productions. Quatre épisodes de 52 minutes, pour suivre le quotidien du Racing Club de Lens durant toute la saison 2019-2020, un club connu pour l’engagement à la vie à la mort de ses supporters. « Nous n’aurons jamais le plus gros budget de la télévision française [35 millions d’euros], mais nous devons avoir cette capacité à innover, à proposer une à deux fois par an quelque chose de novateur comme ça », avance le patron de la chaîne.
Celle-ci sort d’une période compliquée : avec le confinement, elle a dû rebâtir une grille à la hâte. Les deux premières semaines, toutes les émissions ont été stoppées et elle a puisé dans les archives du sport français pour remplir son antenne, avec par exemple un week-end dédié au biathlète Martin Fourcade. Par la suite, L’Équipe a cherché des programmes transgénérationnels, comme les plus grands matchs de l’équipe de France de foot, les plus belles étapes du Tour de France ou encore des films en lien avec le sport, comme Karaté Kid. L’émission L’Équipe du soir a aussi repris, avec un présentateur en plateau et des chroniqueurs chez eux. Seul le catch, enregistré à huis clos, a pu continuer à être diffusé, avec des commentateurs à distance.
Comme les autres chaînes, et malgré l'absence de « live », L’Équipe a vu son audience grimper durant cette période : +14 % en avril, à 116 000 téléspectateurs en moyenne. Enrichie, la grille reste sensiblement au même coût. « Ce n’est pas une grille au rabais », tranche Jérôme Saporito. Désormais, la chaîne se tourne vers la rentrée et la reprise annoncée des compétitions sportives. Le retour à l’antenne des émissions pourrait d’ailleurs être avancé au 3 août.
Le groupe en négociations sociales
Face à la chute des recettes publicitaires et des ventes en kiosques, le groupe Amaury, nouvellement codirigé par Aurore et Jean-Étienne Amaury, a décidé de réagir. La direction de L’Équipe a entamé, le 8 juin, avec les représentants du personnel, des négociations sur un accord de performance collective. Celui-ci prévoit une augmentation du temps de travail (-16 jours de RTT par an) et une baisse des salaires de 10%, en échange de quoi la direction s’engage à ne pas procéder à des licenciements sur la période 2020-2024. Les syndicats dénoncent « un chantage scandaleux ». Une procédure similaire est prévue pour la chaîne.