On s’attendait à un séisme comme peu de carrières en connaissent. Conseillère en charge de la politique fiscale à Bercy au moment où éclate l’affaire Cahuzac fin 2012, Irène Grenet n’est finalement pas si affectée. « Ça a été un ébranlement épouvantable pour la République mais pour les équipes du ministère, notre priorité était de continuer à remplir notre mission », raconte aujourd’hui la jeune femme. Tout juste y voit-elle quelque chose qui « fait partie de ce qui rend moins naïf ».
Née de parents philosophes (son père s’appelle Alain Juranville), Irène Grenet grandit à Tours. « C’est très structurant d’avoir des parents philosophes : ils m’ont appris à donner du sens, dégager des concepts », se souvient celle qui, à 20 ans, intègre l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, avant de faire l’ENA. C’est là notamment qu’elle apprend le sens de l’État, qu’elle mettra au service du ministère de l’Économie de 2008 à 2014, dont deux ans comme conseillère auprès de Pierre Moscovici, alors ministre. Elle rejoint ensuite le groupe France Télévisions, comme chargée de mission auprès du directeur général délégué aux ressources, « pour se frotter à la réalité quotidienne de la gestion d’une entreprise ». Une entreprise pas tout à fait comme les autres, puisque publique et plongée dans le marché.
Une touche de disruption
« C’est important pour moi de me réinventer souvent, de me sentir en transit. Ça doit être un moteur si on ne veut pas perdre toute créativité. Je ne veux pas avoir le sentiment d’être arrivée à mon but », explique-t-elle. En avril 2016, elle rejoint la régie de France Télé comme directrice administrative et financière, avant d’en être nommée, en décembre 2018, directrice générale adjointe en charge du marketing, des études, du revenu management, des opérations et des projets numériques. « C’est assez rare chez des gens de sa formation d’arriver à être dans l’opérationnel comme elle », observe Marianne Siproudhis, patronne de FranceTV Publicité, qui salue « ses valeurs morales, sa grande loyauté qu’elle met au service de l’entreprise et de sa direction ».
Irène Grenet se définit elle-même comme tenace, une qualité qui lui vient en partie des heures de piano qu’elle a enchaînées quotidiennement jusqu’à ses 15 ans. Aujourd’hui, c’est auprès de la régie de France Télévisions qu’elle s’acharne à « mettre l’entreprise sous tension pour répondre aux objectifs qui ont été assignés ». Pour elle, « il n’y a pas de créativité sans règles » ; aux équipes d’« imaginer la façon la plus disruptive de rentrer dans ce cadre ». Il peut s’agir de créativité publicitaire, mais aussi budgétaire ou managériale. « La créativité, c’est trouver une troisième voie », insiste-t-elle. Une prémonition peut-être pour la suite de sa carrière.
Parcours
Octobre 1979. Naissance.
2008. Diplômée de l’ENA après Normale Sup.
2012-2014. Conseillère auprès du ministre de l’Économie et des Finances.
Septembre 2014. Entre à France Télévisions comme chargée de mission.
2016. Directrice administrative et financière de FranceTV Publicité.
2018. Directrice générale adjointe de la régie.