Quels vont être les temps forts de la rentrée de TF1 ?
Xavier Gandon. Nous avons une rentrée très offensive et extrêmement complète, sans doute la meilleure depuis plusieurs années. Dans toutes les grandes catégories de programmes, nous serons à même d’offrir le meilleur de ce que peut proposer la télévision gratuite. Ce sera vrai sur la fiction française - tous nos lancements ont été des succès l’an passé - avec de nouvelles saisons pour Les Bracelets rouges, Sam, Munch ou encore Balthazar. Nous aurons aussi une très belle offre de grands films unitaires événementiels, comme Le premier oublié, autour de la maladie d’Alzheimer, avec Muriel Robin et M Pokora, ou encore La part du soupçon, une fiction avec Kad Merad inspirée de l’affaire Dupont de Ligonnès. Sur les nouvelles séries, nous aurons notamment l’adaptation du livre de Michel Bussi, Le Temps est assassin, avec Mathilde Seigner, Jenifer et Fred Testot, qui démarre le 29 août. Enfin, l’un des grands événements de la rentrée télé sera Le Bazar de la charité, qui marquera, en fin d’année, le grand retour de TF1 sur une fiction historique.
Vous avez annoncé un accord de distribution inédit avec Netflix autour du Bazar de la charité. Entendez-vous multiplier ce type d’accords avec Netflix et ne craignez-vous pas de court-circuiter Salto ?
La production et le tournage du Bazar de la charité a démarré plus d’un an avant que l’Autorité de la concurrence donne son feu vert à Salto. Pour autant, il n’y a pas de volonté de multiplier ces accords même si on ne s’interdit rien quand c’est dans l’intérêt de TF1 et de la fiction. Le Bazar de la charité a une ambition artistique très forte, ça se voit à l’écran, la qualité a un coût, et c’est aussi rendu possible par cette co-production entre TF1 sur la France et Netflix sur le reste du monde. Dans le cadre de l’arrivée de Salto, forcément, les secondes fenêtres de SVOD vont évoluer mais sur des cas particuliers, au moment du préfinancement, sur des productions extrêmement ambitieuses, Netflix peut être un partenaire comme demain Amazon.
L’offre de séries n’a jamais été aussi importante. Cela vous pousse-t-il à faire évoluer l’exposition des séries américaines sur votre antenne ?
C’est un univers sur lequel nous sommes challengés, car c’est le cœur d’offre des plateformes américaines. C’est pourquoi nous avons fait évoluer ces dernières années notre politique d’acquisition en réduisant les « output deals », ces accords globaux avec les studios américains pour récupérer l’ensemble de leurs productions. Aujourd’hui, nous sommes revenus à une politique d’acquisition sélective. Beaucoup des séries américaines produites sont des séries de niche, qui vont s’adresser à un public restreint. Nous, ce qui nous intéresse, ce sont des séries américaines qui s’adressent à un public large, capables de fédérer en prime time sur TF1. Cette saison, nous aurons donc la saison 2 de Good doctor. Nous avons aussi fait l’acquisition de deux des grands succès de la télé américaine, la série médicale New Amsterdam et le reboot de Magnum. Les succès de Good doctor, SWAT ou Manifest la saison dernière nous ont montré qu’il n’y avait pas de fatalité sur ce genre-là.
L’an dernier, un certain nombre de vos grandes marques programmes ont souffert (-500 000 téléspectateurs pour Danse avec les stars, -1 million pour The Voice). Comment entendez-vous les renouveler ?
Aujourd’hui, ce qui nous intéresse, ce n’est pas le score sur les 4 ans et plus, notre focus est vraiment sur la cible des moins de 50 ans car nous vivons de la publicité. La saison dernière, nous avons progressé avec Danse avec les stars de plus de 5 points sur cibles, c’était une grande satisfaction. Dans les prochaines semaines, nous aurons donc la deuxième saison de Camille Combal et Karine Ferri sur Danse avec les stars, un cycle « all stars » de Koh Lanta, avec le retour de certains héros dont celui très attendu de Teheiura. Pour The Voice, après un bon lancement, la saison dernière a connu un essoufflement. Nous menons donc une réflexion avec le producteur pour apporter des modifications assez majeures sur la nouvelle saison, à la fois dans le nombre d’émissions, la mécanique, les coachs… Enfin, le grand événement de la rentrée en matière de divertissement sera Mask singer, dont le tournage va commencer dans quelques jours. Nous aurons dans notre panel d’enquêteurs (le jury) des talents que nous n’avons jamais vu dans ce type d’exercices, comme Kev Adams, Jarry, Alessandra Sublet et Anggun. Ce programme s’annonce comme un très grand format TV comme on n’en a pas eu depuis une dizaine d’années. Ça arrivera en fin d’année ou début 2020.
La baisse du taux de couverture en télévision, notamment sur les cibles jeunes, ne vous inquiète-t-elle pas ?
Pas outre mesure… Les jeunes regardent moins la télévision mais ils regardent beaucoup les contenus télé, qu’ils visionnent sur des plateformes différentes, sur leur téléphone, leur tablette… Cette consommation-là n’est pas mesurée aujourd’hui mais elle le sera en 2020. L’intégration dans la mesure de la télévision en portativité va combler en partie la baisse. Dans le cas de la série JLC Family par exemple, qui est à l’antenne sur TFX, l’apport peut monter jusqu’à 50%. Aux Etats-Unis, un marché plus mature que le nôtre, on voit que quand on additionne la télévision, le replay multi-plateformes et Hulu, on est sur des niveaux de taux de couverture et d’audience qui sont supérieurs à ce qu’était la télévision il y a dix ans. En France, entre l’ajout des audiences portatives dans le Mediamat l’an prochain, l’augmentation de la consommation du replay suite au lancement de notre nouvelle plateforme MyTF1 et demain Salto, nous ne sommes pas inquiets.
Ce n’est pas la même monétisation…
Oui mais du fait de la meilleure intégration publicitaire dans un environnement renouvelé comme MyTF1, nous sommes en train de faire monter en gamme la valorisation publicitaire du digital premium. C’est un de nos enjeux.
Vous allez diffuser tous les matchs de la prochaine Coupe du monde de rugby. Pourquoi les discussions n’ont-elles pas abouti avec Canal+ ?
C’était aussi une volonté très forte d’Ara Aprikian [directeur général adjoint du groupe TF1 en charge des contenus, ndlr] de proposer l’intégralité de la compétition en gratuit. Nous avons vu lors de la Coupe du monde féminine de football que quand il y a une non-exclusivité, une audience significative se sépare. Nous voulons ainsi renforcer la valeur d’exclusivité de la télévision gratuite. C’est un élément fort de notre stratégie. Tous les matchs seront diffusés à l’antenne, sur TF1 pour les matchs de l’équipe de France et les plus belles affiches, sur TMC pour les autres.
Quels vont être les grands rendez-vous sur vos chaînes TNT ?
Nous continuons dans la dynamique impulsée par Gilles Pélisson [PDG du groupe TF1, ndlr], celle de la stratégie multi-chaînes, bien ciblée. Sur TMC, nous retrouverons Quotidien, nous accélérerons sur les talents et le sport, notamment avec la diffusion, comme la saison dernière, de grands concerts en direct (Maître Gims, Soprano, Big Flo & Oli) et celle de Grands Prix de Formule 1. Sur TFX, nous aurons plusieurs nouvelles émissions de flux adaptées de formats internationaux générationnels : une nouvelle émission autour du rapport mère/fille, 21 Again, un nouveau format déco, Your home made perfect, et Mariés dans l’année. Notre objectif est de faire progresser l’audience de TFX et d’intégrer la troisième place de la TNT sur les moins de 50 ans [devant W9 ou C8, ndlr] . Enfin, sur TF1 Séries Films, comme nous l’avons fait l’an dernier avec The Handmaid’s tale, dont nous diffuserons la saison 2, nous avons acquis les droits de deux séries à la mode : Fear the Walking dead, le spin-off de Walking dead, et Killing Eve, qui a remporté des prix aux Golden Globes et dont nous proposerons la première fenêtre en gratuit.