Mardi 11 avril, retrait surprise de la candidature d'Emmanuel Hoog à sa propre succession ! « J'ai constaté ce matin que mon projet ne recueillait pas les soutiens nécessaires et indispensables de l'État, comme cela a été le cas dans la continuité, depuis 2010, pour poursuivre cette action de transformation nourrie de ma persévérance et de mon engagement. J'en tire donc une conclusion : je retire, avec regret, ma candidature aux fonctions de Président Directeur Général de l'Agence France-Presse », a-t-il écrit dans une lettre adressée aux administrateurs et diffusée en interne.
Pourtant, lundi soir, le patron considérait encore que l'engagement de l'État allait de soi. À la question de savoir si les 60 millions d'euros demandés pour assurer le développement de l'agence lui étaient acquis, Emmanuel Hoog se montrait confiant en rappelant que sa demande était à l'instruction, notamment dans le cadre du programme d'action publique CAP 2022. C'est la perspective de voir les administrateurs représentant l'État rejetter son plan de développement impliquant des financements nouveaux et exceptionnels qui a conduit Emmanuel Hoog à jeter l'éponge.
Après Mathieu Gallet, ex-PDG de Radio France condamné pour favoritisme et débarqué par le CSA après une défiance manifestée par sa ministre de tutelle Françoise Nyssen, et Marie-Eve Malouines, présidente de LCP, Emmanuel Hoog est le troisième patron de la sphère publique des médias à ne pas être reconduit pour des raisons liées à un manque de soutien du gouvernement ou de sa majorité.
Tripler le nombre d'abonnés à la vidéo
Le PDG avait mené toute sa campagne pour sa réélection sur l'idée de faire de l'AFP «le premier fournisseur de vidéos d'information en Europe». Il entendait notamment poursuivre son plan d'évolution des métiers qui lui a permis de recruter, à moyens constants, 300 personnes pour l'AFP vidéo qui livre ses productions à 200 chaînes abonnées. «Nous voulons doubler ou tripler ce nombre dans les années à venir», avait-il déclaré à Stratégies. Il souhaitait notamment développer des formats vidéos plus courts et «ready to publish» à destination des sites de journaux ou des pure players.
Un plan de relance commercial prévoyait de passer de 5000 à 6000 clients en cinq ans, après 250 nouveaux clients nets recrutés en 2017 sur un panier moyen plus faible qu'attendu. Emmanuel Hoog voulait aussi retravailler les modes de livraison sous API afin de proposer une offre sur mesure, par briques ou mots-clés, afin de permettre à ses clients BtoB de piocher les thématiques ou les sujets qui les intéressent. Il avait aussi fait de l'interfaçage de la production de l'AFP avec la data, afin d'utiliser l'intelligence artificielle pour les analyses d'informations boursières et sportives, un enjeu d'innovation.
Une perte de 5 millions d'euros
Sur un chiffre d'affaires de près de 300 millions d'euros en 2017, Emmanuel Hoog misait sur des comptes équilibrés, mais la dénonciation de 117 accords d'entreprise, attaquée par les syndicats, avait entraîné une condamnation de l'agence en appel. Une perte exceptionnelle de 5 millions d'euros était donc attendue du fait d'arriérés portant sur trois exercices.
L'autre candidat à la présidence de l'AFP, Fabrice Fries, ancien président de Publicis Consultants, doit maintenant recueillir 13 voix sur les 18 des administrateurs pour être élu. S'il ne parvient pas à réunir cette large majorité au bout de trois jours, le conseil supérieur de l'AFP proposera deux candidats sur lesquels le conseil d'administration votera, par un scrutin à la majorité simple.
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