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Après le retrait de Rossel, Groupe Hersant Média doit trouver seul une solution à son endettement massif. Une situation aggravée par l’effondrement de la presse gratuite d’annonces.

«Un gâchis industriel.» C'est en ces termes que Dominique Bernard, directeur général de Groupe Hersant Média (GHM), a regretté le retrait, le 27 juin, du belge Rossel des discussions engagées il y a huit mois en vue de rapprocher les deux entités. Annoncées en octobre dernier, ces fiançailles avaient pour ambition de donner naissance au troisième groupe de presse quotidienne régionale, avec près de 900 000 exemplaires distribués chaque jour.

Ce rapprochement aurait permis à GHM de se restructurer à moindres frais. L'opération tombe aujourd'hui à l'eau. La faute à la Filpac-CGT, martèlent GHM et Rossel. Le syndicat refusait les 220 suppressions de postes voulues par Rossel au sein du pôle Champagne-Ardennes-Picardie (L'Union-L'Ardennais, L'Est éclair, etc.). Il demandait que le plan social soit limité à 125 postes, sur un total de 640 emplois. L'avis des syndicats n'était que consultatif. Mais pour le repreneur belge, pas question de passer en force et de risquer un blocage social.

«Le groupe familial Rossel ne peut se permettre d'investir dans un projet quel qu'il soit si, avant même de le démarrer, il constate que les éléments essentiels à sa réussite ne sont pas réunis», a indiqué Bernard Marchant, l'administrateur délégué du groupe.

Négocier avec 17 banques créancières

C'est donc seul que l'empire de Philippe Hersant, fils du «papivore», va devoir se confronter à ses difficultés. Au cœur de la tourmente, une lourde dette bancaire, estimée à près de 200 millions d'euros, que GHM peine à rembourser depuis l'effondrement du marché de la presse gratuite d'annonces en 2008. «Si les “cash-flow” de Comareg s'étaient maintenus, la dette aurait été amortie et les mutations du groupe pu être financées», estime Jean-Clément Texier, président de la Compagnie financière de communication.

Rachetées en 2003 à Havas, la Comareg et les 280 éditions de Paru-Vendu représentaient près de la moitié des 926 millions d'euros de chiffre d'affaires que GHM réalisaient en 2007. Comme S3G (Groupe Sud-Ouest) ou Spir Communication (Ouest France), les résultats de Comareg ont permis à GHM de se développer et notamment de racheter à Lagardère La Provence et Nice matin en 2007. Depuis cet apogée, la Comareg a été liquidée, victime d'un transfert du marché des annonces sur Internet.

«La vache à lait a disparu. Au problème Comareg se sont ajoutés les batailles juridiques contre Gérard Lignac et Michel Lucas [rachat de L'Est républicain] et le niveau de la dette, d'où une situation particulièrement difficile», souligne Jean-Clément Texier. A présent, GHM va devoir renégocier avec ses dix-sept banques créancières. Fin 2011, en vue du rapprochement avec Rossel, celles-ci avaient accepté de renoncer à 50 millions d'euros en échange d'une cession d'actifs en Polynésie et Nouvelle-Calédonie. Philippe Hersant pourra-t-il préserver la société d'édition suisse qu'il détient à 100%, éditrice de L'Express (helvétique), L'Impartial et du Nouvelliste?

Quant à la restructuration du groupe, elle pourrait se faire pôle par pôle, par des mises en règlement judiciaire ou par des cessions. A moins que GHM, dans son ensemble, n'ait d'autre choix que de déposer le bilan…

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