Comment intégrer le numérique dans l'architecture gouvernementale? C'est une question récurrente pour chaque nouvelle équipe. En septembre 2002, ère post-bulle Internet oblige, le gouvernement Raffarin accueille plusieurs conseillers issus de start-up, tels Laurent Sorbier (ex-Spray France, e-Auction Room) et Sylvain Géron (cofondateur de Mangoosta). En 2008, le numérique prend plus d'ampleur avec un secrétariat d'Etat dédié, occupé par Eric Besson puis Nathalie Koscuisko-Morizet.
François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont opté pour un ministère délégué confié à Fleur Pellerin (voir Stratégies n°1666 du 16 février 2012). Celle-ci aussi a fait appel à des «technos» pour son cabinet: son directeur de cabinet, Sébastien Soriano, est issu de l'Autorité de la concurrence. Son conseiller numérique, Jean-Baptiste Soufron, était à la tête du think tank numérique du pôle de compétitivité Cap Digital. Aziz Ridouan, son conseiller presse, fut notamment fondateur de l'association Les Audionautes, contre la licence globale en 2006.
Fleur Pellerin bénéficie d'attributions très élargies, formalisées par décret publié le 25 mai: rattachée au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, elle décroche les PME, l'Innovation et l'Economie numérique.
Elle aura autorité sur la Délégation aux usages de l'Internet et la Direction générale des médias et des industries culturelles. «Cela montre la montée en puissance de l'idée du numérique comme étant rattaché à l'économie», estime Henry Verdier, président du conseil d'administration de Cap Digital. Si elle échappe au dossier périlleux d'Hadopi, la politique industrielle, la réforme du crédit d'impôt recherche ou encore la vie privée en ligne figureront parmi ses priorités.
