Trente projets pour six fréquences sur la TNT. L'appel à candidatures lancé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a mis en exergue des thématiques communes. Sport, fictions, documentaires, mais aussi cibles féminines et jeunes sont dans le viseur des opérateurs. Retour sur les matchs qui se sont joués sur le terrain des programmes.
Sport. C'est "le" duel de cet appel à candidatures: L'Equipe HD face à RMC Sport HD. Un combat de boxe entre deux poids lourds. Le premier, porté par le groupe Amaury, bénéficiait avant le départ d'un avantage précieux grâce au soutien officiel et exclusif du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). La chaîne, qui hériterait d'un budget de 35 millions d'euros "en vitesse de croisière", vise une part d'audience nationale de 1,3% en 2016. Elle serait construite sur L'Equipe TV actuelle, chaîne d'information sportive. Le concept évoluerait vers une chaîne de sport, dont la grille (à 19 millions d'euros) serait constituée de reportages, de magazines, de débats mais également de retransmissions d'événements sportifs.
En face, RMC Sport HD (Nextradiotv), qui a contesté en justice le partenariat entre sa concurrente et le CNOSF, prépare une chaîne plus orientée sur l'information sportive, avec un objectif de part d'audience de 1,3% en 2015 et un coût de grille de 11,8 millions d'euros. Alain Weill en a fait son dossier prioritaire, mais il s'estime désavantagé dans la compétition.
Femmes. Trois projets se disputent les faveurs d'un public féminin très prisé: Chérie HD (NRJ Group), Stylia HD (TF1) et Elle TV (Lagardère). Chérie HD est le projet phare de Jean-Paul Baudecroux, le président de NRJ Group. La chaîne, qui vise 1,5% de part d'audience en 2015 avec un budget de 30 millions d'euros annuels, s'inscrirait en parfaite complémentarité dans la palette commerciale du groupe qui compte déjà la minigénéraliste NRJ 12, sur la TNT nationale, la locale NRJ Paris, et la musicale NRJ Hits, sur le câble, l'ADSL. Face à Chérie HD, TF1 parie sur Stylia HD, une version enrichie de la chaîne thématique déjà disponible sur Canalsat. Devant les membres du CSA, Nonce Paolini, le président de TF1, a misé sur une part d'audience de 1,4% en 2016, qui assurerait «le petit équilibre» pour la chaîne. Le troisième dossier, Elle TV, est porté par Lagardère. Le groupe entend décliner la marque de son magazine mais revendique son savoir-faire TV, via Gulli et la production. La chaîne bénéficierait d'un budget annuel de 60 millions d'euros, le plus important de tous les projets déposés au CSA. L'objectif en termes d'audience est aussi ambitieux, avec 2,3% de part d'audience en 2015! Le groupe Lagardère a sorti le grand jeu pour tenter de convaincre des membres du CSA qui lui ont reproché d'avoir déjà abandonné une fréquence payante pour Canal J et revendu Virgin 17.
Minigénéralistes de fictions. TF1 et M6 s'affrontent dans cette catégorie, mais avec deux projets qui se différencient un peu. HD1 (TF1) serait dédiée à la fiction sous toutes ses formes d'écriture et de narration. La chaîne, qui bénéficierait d'un budget compris entre 30 et 40 millions d'euros annuels, ferait office de «laboratoire» pour TF1 et les autres chaînes du groupe. Le président de TF1 vise une part d'audience de 1,7% en 2015.
Chez M6, 6ter (qui pourrait s'appeler M6 Family) s'appuierait sur une importante offre de fiction, mais pas seulement, puisque la grille proposerait aussi des magazines et documentaires avec comme but commun de rassembler les familles. «Nous voulons que, à chaque instant de la journée, chaque programme puisse être regardé par un parent et son enfant», résume Nicolas de Tavernost, le président du groupe M6. 6ter, qui vise une part d'audience de 1,7%, serait doté d'un budget équivalent à sa concurrente de TF1. L'outsider ID France 1, porté par Jean-Luc Azoulay, serait une déclinaison nationale de sa chaîne francilienne IDF1 et serait consacré à la fiction longue (part d'audience de 2% en 2015).
Documentaires. RMC Découverte apparaît comme le projet par défaut du groupe Nextradiotv, qui avait fondé tous ses espoirs au départ sur RMC Sport HD. Le dossier, consacré exclusivement à la programmation de documentaires, prévoit une part d'audience de 2% à terme avec un chiffre d'affaires prévisionnel de 50 millions d'euros. Hexa, le projet de M6, est son principal concurrent. La chaîne, qui réserverait la moitié de sa grille aux documentaires, vise une part d'audience de 1,6% avec un budget estimé équivalent aux autres projets de la TNT, soit entre 30 et 40 millions d'euros annuels. Le reste de la programmation serait réservé à la fiction, aux magazines et aux débats de société. D.facto, proposé par le groupe Fiducial (Lyon Capitale, Lyon TV), concourt également dans cette catégorie, mais avec des ambitions et des moyens moins élevés: part d'audience de 1,5% en 2017 et coût de grille de 15 millions d'euros.
Interactivité. Télé connectée, norme HbbTV, tablettes numériques... la quasi-totalité des dossiers présentés devant le CSA proposaient une rubrique dédiée aux nouveaux modes de consommation de la TV et aux dernières techniques. Deux projets vont plus loin, avec pour chacun d'eux, une même cible: les jeunes. My NRJ serait dédiée aux 15-35 ans avec un tiers de la programmation consacré à la musique. Mais la chaîne serait aussi «nativement conçue pour la télé connectée», avec des émissions déclinées sur tous les supports grâce aux données et services associés. Budget de 45 millions d'euros et 1,3% de part d'audience visée. Le projet de 306 Télévision, dont Le Nouvel Observateur serait actionnaire à 42,5%, repose sur 80 000 bénévoles qui donneraient leurs avis sur les thèmes et débats proposés à l'antenne. La grille généraliste serait construite autour d'un «portail de télévision augmentée» disponible sur les supports nomades. La chaîne espère 1,5% de part d'audience avec un budget au minimum de 25 millions d'euros.
Les autres confrontations. Le téléachat est présent avec deux projets concurrents: Tendances 24 pour TF1 et Boutiques & Co pour M6. L'art de vivre est porté par Télévista avec son projet Via (budget de 35 à 40 millions d'euros, part d'audience de 1,8% en 2015), et Média-Place Partners avec Cocagne (budget de 29 millions, part d'audience de 1,2%). Le patrimoine bénéficie de deux projets: Nosta la Télé de NRJ Group (part d'audience de 2%) et La Chaîne du Patrimoine, pilotée par une association.