Un dîner dans un loft aux lumières tamisées, où les invités se succèdent pour parler de leur dernier livre ou film, de leur carrière, de leur jeunesse... Ce jeudi 15 mars, Christine Kelly, membre du CSA, vient commenter l'encadrement du temps de parole des candidats et la sortie de son livre sur les familles monoparentales. Les actrices Virginie Ledoyen et Diane Kruger, en promo pour le dernier film de Benoît Jacquot, Les Adieux à la reine, sont également présentes. Dans les coulisses du lieu de tournage, un appartement dans le onzième arrondissement de Paris, les équipes s'agitent. A 19 heures, le direct commence.
Bienvenue à C à vous, émission diffusée sur France 5 depuis septembre 2009 et animée par la très souriante Alessandra Sublet et sa bande de chroniqueurs. Sur la périlleuse case du 19-20 heures 30, c'est l'une des bonnes surprises télévisuelles. Le programme, entre talk-show intimiste et émission d'actualité, s'est progressivement imposé. Il fêtait ce jeudi 22 mars sa 500e.
C à vous rappelle de loin 24 Faubourg, sur Paris Première. «C'est une émission d'accueil, une transition après les émissions d'actu. On parle puis on passe à table», résume Bruno Patino, directeur général de France 5. C'est Pierre-Antoine Capton, fondateur de Troisième Œil Productions, à l'origine d'autres concepts malins comme Ça balance à Paris, qui l'a imaginée.
Avant le dîner, l'émission, très séquencée, s'anime autour de plusieurs rubriques, avec quelques reportages: revue de presse, actu médias... Durant le repas, coule un entretien d'une vingtaine de minutes avec le ou les invités. «On aborde leur actualité, leur carrière, leur enfance, leurs projets... Et on prend le temps», détaille Emmanuel Maubert, journaliste en charge de la chronique médias. Virginie Ledoyen rougit en revoyant une de ses premières auditions, Diane Kruger en redécouvrant sa première pub TV pour une crème dépilatoire... Un peu de provoc' mais pas trop.
Une alternative plutôt bienveillante, pour le téléspectateur comme pour les invités, face à la mécanique professionnelle parfaitement huilée du Grand Journal de Canal+: «Ici, il n'y a pas de public, d'applaudissements: ce n'est pas la grosse émission», décrypte Olivier Roberdeau, directeur TV chez Omnicom Media Group. Une ambiance d'autant plus cosy que l'émission est tournée «dans un loft et non un studio de télévision, avec une caméra très discrète», souligne Emmanuel Maubert.
L'audience aussi a le sourire: en moyenne 4,1 points en février 2012 sur la tranche 19-20 heures, soit deux fois plus qu'en septembre 2009 (2,4 points). Avec quelques pics au gré de ses invités de marque, comme 5,1 points avec Carla Bruni-Sarkozy le 8 mars, C à vous n'est plus si loin du très branché Grand Journal (7,5 PDA), qui a offert une tranche d'infotainment à Nicolas Sarkozy, le 16 mars. Une audience à 77,4% en régions, et senior (80% des femmes ont plus de 50 ans), d'après les chiffres Médiamétrie étudiés par OMG.
Au fil des saisons, le concept s'est affiné, avec quelques idées repérées en face, au Grand Journal: l'équivalent de la Boîte à questions dans la séquence «debrief» de l'émission de la veille, un concert live dans C à vous, la suite... Un univers cosy aussi porté par Alessandra Sublet: la «girl next door» sympa, «qui pose les questions du quidam, gaffe parfois, suscitant ainsi un phénomène d'identification chez les téléspectateurs. Si elle admire un invité, elle n'hésite pas à lui dire...», estime Olivier Roberdeau. Reste à voir si l'émission poursuivra sur sa lancée, malgré le départ prochain en congé maternité de son animatrice - et son remplacement possible par son jocker Julie Andrieu.