Le président de Mondadori France, groupe appartenant à la famille Berlusconi, se défend de mettre en péril le système de distribution français de la presse. Il rappelle qu'il a investi 30 millions d'euros dans le lancement de Grazia.

Le tribunal de Nanterre a donné tort à Mondadori, lundi 9 janvier, dans le contentieux qui l'opposait à Presstalis (ex-NMPP). Le juge des référés a estimé que l'éditeur a été trop prompt à transférer trois de ses titres (Grazia, Top santé et Biba) chez les Messageries lyonnaises de presse (MLP), concurrentes de Presstalis, sans attendre l'avis de l'Autorité de la régulation de la distribution de la presse, qui devrait intervenir d'ici au 15 janvier. Réaction d'Ernesto Mauri, président de Mondadori France, qui fait appel de la décision du tribunal.

 

Vous avez réagi en des termes assez vifs dans la presse à la décision du tribunal de Nanterre, en estimant que «Mondadori est un bouc émissaire»...

Ernesto Mauri. Si ma réaction a été forte, c'est que la manière dont la situation a été présentée me paraît incorrecte et injuste. Elle donne de Mondadori l'image d'un éditeur irresponsable qui quitte le navire alors que ce dernier connaît des avaries. Or, nous avons toujours proclamé que la coexistence de deux messageries en France était cruciale. Nous avons déjà transféré certains de nos titres chez les MLP (Télé poche, Télé star, Nous Deux) et souhaitons que notre portefeuille se répartisse à 50% chez Presstalis et 50% chez les MLP. Quel intérêt aurions-nous à faire couler Presstalis? Nous, éditeurs, avons tout à gagner à ce que les deux messageries soient fortes, compétitives.

 

Comment réagissez-vous aux propos de Presstalis, qui évoque, dans cette affaire de transfert de messagerie, un manque de solidarité entre éditeurs, qui sont partie prenante dans Presstalis ?

E.M. Je refuse d'être taxé d'irresponsabilité: Grazia, Biba et Top Santé (20 millions d'euros à eux trois), dont le transfert permet à Mondadori de réaliser 1 million d'euros d'économies, ne représentent que 0,8% de chiffre d'affaires de Presstalis... Ce n'est pas cela qui va mettre en péril le système! J'ai investi 30 millions d'euros pour lancer Grazia, nous réalisons la plupart de nos ventes en kiosques et continuons à investir dans la presse écrite. Par exemple, Sciences et Vie guerre et histoire, bimestriel lancé en 2011, va passer en mensuel. Que l'on ne m'accuse pas de ne pas alimenter le réseau!

 

Quelle va être la suite des événements? Biba, Grazia et Top santé vont-ils réintégrer Presstalis?

E.M. Non, ces trois titres restent chez les MLP. Je vais faire appel de la décision du tribunal de Nanterre. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire respecter l'honneur de Mondadori. Il n'est pas question que nous servions d'exemple afin d'empêcher les autres éditeurs de partir.

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