Une vingtaine de dossiers devraient être déposés ce mardi 10 janvier, avant 17h, au siège parisien du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dans le cadre de l'appel à candidatures lancé pour six fréquences en haute définition sur la télévision numérique terrestre nationale.
TF1, Canal+ et M6, les trois «historiques» privées, déboutées d'une chaîne bonus par la Commission européenne, proposeront plusieurs projets en gratuit. TFI devrait ainsi candidater pour une chaîne généraliste (TV Breizh?) et une chaîne d'art de vivre (Stylia). Le groupe Canal+ est attendu pour une chaîne généraliste de cinéma, de fiction originale et de magazines. M6 opterait pour une chaîne familiale (M6 Famille), une chaîne de magazines et une chaîne de téléachat.
Les autres opérateurs de la TNT seront également présents. Next Radio TV proposera RMC Sport (opposé au projet de L'Equipe TV qui a reçu l'agrément du Comité olympique français) et BFM Doc pour les doumentaires. Le groupe NRJ parie sur Nostalgie TV, chaîne patrimoniale, et Chérie TV, destinée à un public féminin.
Priorité aux modèles économiques viables
D'autres groupes médias se sont également déclarés candidats, comme IDF1, déjà présent sur la TNT francilienne, Ma Chaîne étudiante ou Vivolta, chaînes diffusées sur les réseaux ADSL. Le Figaro a travaillé sur le projet d'une chaîne météo et le groupe Lagardère sur une chaîne destinée aux femmes (sous la marque Elle ou Be). La chaîne Allo Ciné TV, qui s'était déclarée intéressée par une diffusion sur la TNT, a finalement renoncé à concourir. France 24 aimerait aussi obtenir une fréquence, mais l'Etat n'a, pour l'heure, pas préempté de fréquence pour l'audiovisuel public.
Après avoir déclaré la validité des candidatures, les membres du CSA procéderont aux auditions des candidats entre le 5 et le 9 mars, puis désigneront les dossiers retenus vers la mi-mars. Les nouvelles chaînes devraient commencer à diffuser en septembre 2012.
Soucieux de favoriser le pluralisme en termes de programmation, le CSA entend privilégier des projets qui ne seraient pas «des clones» des chaînes existantes, avec un modèle économique viable. Les projets proposant un contenu thématique pourraient alors être privilégiés, puisqu'une grande partie des chaînes «historiques» de la TNT s'apparentent de plus en plus à des généralistes.
50 à 70 millions d'euros de recettes supplémentaires
Toutefois, le président du CSA Michel Boyon ne se déclarant pas hostile à la concentration des acteurs audiovisuels, l'instance de régulation pourrait aussi se montrer favorable aux chaînes historiques, qui proposent des projets généralistes. D'autant que les grands groupes trouveraient-là une forme de compensation à l'invalidation par Bruxelles de leur canaux bonus. Cet arbitrage européen a eu pour conséquence l'annonce par le gouvernement d'un article amendant la loi sur l'audiovisuel de 2007, qui promettait des chaînes bonus aux acteurs historiques en échange d'une double diffusion en analogique et en numérique.
Plusieurs millions, voire plusieurs dizaines de millions d'euros d'indemnités sont exigibles à titre de réparation. Et la facture risque d'être de plus en plus salée à mesure que le temps passe. Selon La Tribune, l'article abrogeant les chaînes bonus a bien été présenté en conseil des ministres à l'extinction de la diffusion analogique, le 30 novembre dernier, mais il ne pourra pas être voté au Parlement avant la présidentielle.
Sébastien Danet, président de Zenith-Optimedia, estime que les six nouvelles chaînes «pourraient capter 3% de part d'audience au départ, pour monter à 5 ou 6% d'ici à 2015». Selon NPA Conseil et Havas Media, elles pourraient totaliser jusqu'à 7,9% d'audience d'ici à 2015.
Le marché publicitaire sera-t-il au rendez-vous? «La télévision ne peut pas générer en 2012 plus de 50 à 70 millions d'euros de recettes publicitaires supplémentaires. Il n'y aura pas de quoi financer les six chaînes», juge Sébastien Danet, cité par l'AFP.