Depuis le 31 décembre 2011, le mariage est consommé. Le Nouvel Obs et Rue 89 ont officialisé ce jour-là leur rapprochement, sous l'égide de Claude Perdriel, patron du groupe Nouvel Observateur. Les deux entités s'expliqueront jeudi 5 janvier dans une conférence de presse commune sur ce rachat à 100%, qui ne veut surtout pas se donner des airs d'absorbtion.
«J'éprouve la plus grande estime professionnelle pour Rue 89 depuis sa création, a indiqué Claude Perdriel dans un communiqué. Je suis très heureux de cette entente avec les fondateurs, qui nous permettra de mieux nous adapter à l'évolution rapide du Web.» Les équipes de Rue 89 ont déjà conçu pour L'Obs en ligne sa plate-forme littéraire Bibliobs, et le groupe de presse possédait jusqu'à présent une petite part (3,4%) du «pure player».
Avec ce rapprochement, le groupe de Claude Perdriel affirme sa volonté d'accélérer son développement numérique, après le lancement, il y a quelques mois, de la plate-forme participative «Le Plus». Depuis sa création, en 2007, Rue 89 s'est hissé au 21e rang des sites d'information en France, avec 2 millions de visiteurs uniques en octobre 2011 (source: Médiamétrie Net Ratings).
Mais le sité créé par des anciens de Libération (Pierre Haski, Pascal Riché et Laurent Mauriac) peine à trouver l'équilibre, affichant une perte de près de 400 000 euros pour 2,2 millions de chiffres d'affaires attendus en 2011, issu pour les deux tiers de la publicité, le reste venant de la formation et de la prestation de services.
Affronter les nouveaux acteurs
Pierre Haski se félicite de «cet accord avec Claude Perdriel et le groupe Nouvel Observateur [qui] permet de pérenniser l'aventure de Rue 89 tout en garantissant son indépendance éditoriale». Pourtant, le site va bel et bien perdre son autonomie. Comme le souligne Pierre Haski à l'AFP, «ça fait drôle… Il y a une part de renoncement dans une décision pareille. On était parti sur une voie autonome.»
Daniel Schneidermann, fondateur d'Arrêt sur images, disait d'ailleurs sa «tristesse» dans un article titré «Rue 89 + Le Nouvel Observateur = boulevard 89 ou impasse 89», reprochant aux fondateurs du site d'avoir rejoint l'«establishment».
Alors, Rue 89 moins indépendant? A voir. Plus fort, en tout cas, pour affronter le lancement de nouveaux acteurs, comme le Huffington Post à la mi-janvier. «On est dans une période de crise. On est fragile et on se heurte à une difficulté permanente: des revenus pour vivre, mais pas pour se développer», a déclaré Pierre Haski à l'AFP, avant d'annoncer son intention de faire grossir les équipes du site.