Qui croire? Ce jeudi 22 décembre, le quotidien La Tribune, repris par l'Agence France-Presse (AFP), affirmait que le groupe Canal+ envisageait de revendre la chaîne Direct Star, à peine acquise auprès du groupe Bolloré.
«Une option à l'étude» pour laquelle les groupes NRJ et M6 pourraient se montrer intéressés, selon le quotidien économique, mais qui a été quelques heures plus tard démentie dans un communiqué transmis à l'AFP: «Le groupe Canal+ n'a aucun plan particulier ni aucune discussion en cours concernant une cession éventuelle de Direct Star. Il rappelle plus généralement que le développement d'un pôle gratuit en France fait partie de ses priorités stratégiques et éditoriales.»
Selon nos informations, deux scénarios sont en réalité étudiés au sein du groupe audiovisuel. Tout dépend du résultat de l'appel d'offres pour les six nouvelles fréquences HD, dont les candidatures seront examinées à partir du 10 janvier par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).
«La logique voudrait que nous revendions une chaîne gratuite et une chaîne payante si nous bénéficions d'une fréquence pour Canal 20, assure un cadre dirigeant du groupe. En revanche, si nous n'avions pas de nouvelle chaîne gratuite, nous garderions Direct Star et ne revendrions qu'une chaîne payante.»
En effet, si son projet Canal 20 est retenu par le CSA, le groupe Canal+ se retrouverait de facto propriétaire de neuf chaînes dans six mois, quand il aura finalisé le rachat de Direct 8 et de Direct Star au groupe Bolloré, alors que le maximum autorisé est de sept.
Spéculations
Il s'agit probablement aussi de rassurer le CSA, dont le président Michel Boyon se dit partisan de la concentration des acteurs audiovisuels, en lui montrant que le groupe Canal+ ne se retrouverait pas propriétaire de quatre chaînes gratuites nationales (avec I-Télé) au cas où son projet Canal 20, tourné vers les CSP+, serait retenu.
Sur le plan fiscal, de telles opérations seraient neutres, puisque la taxe de 5% prévue sur la revente de fréquences attribuées gratuitement par le CSA, et qui a été adoptée mi-décembre par un amendement gouvernemental au projet de loi de finances 2012, n'intervient qu'à la première vente. Direct Star, cédée par Lagardère à Bolloré qui l'a lui-même revendue à Canal+, n'est donc pas concernée.
De telles spéculations interviennent alors que le groupe Canal + devrait connaître prochainement un important mouvement capitalistique en cas de cession par Lagardère de ses 20% de Canal+ France au fonds californien Hellman & Friedman pour près de 1 milliard d'euros. Le développement du groupe dans la télévision gratuite est considéré comme stratégique dans la mesure où il apporte un relais de croissance sur un marché de la télévision à péage plutôt arrivé à maturité.