D'un côté, RMC Sport HD, du groupe Nextradio TV. De l'autre, L'Equipe TV, du groupe Amaury. Les deux chaines sont candidates à une fréquence nationale hertzienne gratuite sur la TNT dans la catégorie « chaîne d'info sportive ». Le dépôt des dossiers au Conseil supérieur de l'audiovisuel, arbitre de ce match, est programmé le 10 janvier 2012. La décision finale de l'instance de régulation sera prise vers la mi-mars.
Mais une première étape de ce match se joue dès maintenant. Ce jeudi 22 décembre, le Conseil d'administration du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) devrait choisir un des deux projets pour construire avec la chaîne élue un partenariat officiel. Un label olympique qui pèsera lourd sur la balance quand le CSA devra faire son choix.
Déjà candidate en 2005 à une fréquence TNT, RMC Sport HD, portée par le patron de Nextradio TV, Alain Weill, promet d'être la chaîne de tous les sports. Celle-ci s'articulerait autour de trois piliers : l'information, le documentaire et la retransmission d'une centaine d'événements sportifs par an, en direct ou en différé. Objectif, donner la visibilité qu'il manque à des sports moins médiatiques que le football ou le rugby, tels l'aviron, le canoë-kayak ou le volley-ball. « RMC Sport HD rassemblera le haut niveau et le sport de masse, les pros et les amateurs, intégrera les disciplines handisports, l'outdoor ou le bien-être », explique François Pesenti, directeur général.
Particularité de RMC Sport, outre que la chaine diffusera en haute définition, elle sera en partie disponible en 3D pour les téléspectateurs connectés en ADSL. D'abord pour les émissions de plateau puis pour les reportages voire la retransmission d'événements sportifs. L'objectif que s'est fixé Alain Weill est d'arriver à 5 millions de téléspectateurs par jour, soit un point d'audience, pour un chiffre d'affaires publicitaire annuel de 30 millions d'euros d'ici 2016, date à laquelle Nextradio souhaite atteindre le point d'équilibre.
Pour ce faire, Nextradio TV souhaite s'associer au CNOSF tant pour l'élaboration de la politique éditoriale que pour la production de contenus. Alain Weill propose également au CNOSF de prendre 20% du capital de la chaîne, qui sera le seul projet déposé par Nextradio TV auprès CSA d'ici le 10 janvier. Si elle est retenue par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, RMC Sport HD serait lancé en octobre 2012.
L'Equipe, la référence d'une marque
De son côté, L'Equipe TV part dans le combat avec quelques avantages. Tout d'abord, la chaîne existe déjà depuis 1998. Elle est diffusée sur les réseaux câblés et Canal Satellite. Ensuite le projet bénéficie de la notoriété de la marque L'Equipe et du savoir-faire des journalistes de la chaîne et surtout du quotidien sportif. Une référence. « L'Equipe TV ne ressemblera pas à la chaîne actuelle, assure François Morinière, directeur général du groupe. Nous serons une chaîne de sport, et non pas une chaîne d'information sportive. Même si la colonne vertébrale restera l'actualité sportive, le spectre éditorial sera largement élargi. »
La chaîne sportive du groupe Amaury promet de s'appuyer sur l'ensemble de la rédaction du groupe, soit 380 journalistes et plus de 150 correspondants. « Toutes les thématiques sportives seront proposées, et L'Equipe TV sera une chaîne d'opinion et d'analyse, poursuit François Morinière. Notre rôle sera aussi de raconter le sport et de le faire découvrir, tout en créant du lien avec les 25 millions de passionnés de sport. » L'Equipe TV tentera aussi d'événementialiser la visite des sportifs venant régulièrement dans la rédaction du journal. « Mais nous n'avons pas la vocation de diffuser des événements sportifs, du moins, de nous lancer dans une stratégie d'achat de droits », conclut le dirigeant.
Côté finance, la chaîne devrait se doter d'un budget situé entre 30 et 35 millions d'euros annuels, avec des recettes publicitaires nettes prévues à terme de 40 millions d'euros. L'équilibre est prévu à l'horizon 2016.
Reste maintenant aux membres du Conseil d'administration du CNOSF, très courtisés ces derniers jours par les représentants des deux groupes audiovisuels, de faire leur choix. Les jeux sont loin d'être faits, et le Comité olympique pourrait aussi bien renvoyer les deux concurrents dos-à-dos en leur accordant, à tous deux, un label « CNOSF compatible ». Du coup, ce serait au CSA de départager les candidats. En ce cas, ce dernier pourrait être tenté de renforcer l'ex-nouvel entrant sur la TNT que fut BFM TV au nom de la "concentration" chère à son président Michel Boyon. La dure loi du sport.
