Ne dites pas à I-Télé qu'elle est la plus petite chaîne nationale étudiée par le Médiamat de Médiamétrie, à 0,8 point d'audience en novembre, contre 1,4 pour sa rivale BFMTV. Une fois écartée la perspective d'une LCI en accès gratuit, la chaîne d'information en continu du groupe Canal+ ne parle plus quantité, mais qualité de sa cible: les fameux CSP+. «Canal ne domine pas en audience, mais Le Grand Journal reste très influent, explique Cécilia Ragueneau, la directrice générale adjointe, qui a pris les rênes d'I-Télé en juin. Le prix pour être leader est trop cher à payer en matière d'information. Quand on regarde BFM TV, on se dit qu'on n'a pas envie de faire la même chose. On veut être référent.» Là où la chaîne du groupe Next Radio TV s'est imposée dans le «hot news», la consœur entend se démarquer en soignant son image. Une campagne, signée BETC, démarrera d'ailleurs en janvier pour mieux la positionner sur sa cible de prédilection et lui assurer davantage de notoriété face à BFM TV, mieux connue.
Donner à comprendre
Côté programmes, cette démarche se traduit par de nouvelles émissions destinées à un public de choix. Depuis le vendredi 21 octobre, un magazine mensuel de grands reportages, Le Monde en plus, présenté à 23h40 par Olivier Ravanello, approfondit les questions internationales. Et à l'approche de la présidentielle, un rendez-vous hebdomadaire, CQFD (pour Ce qu'il fallait décrypter),présenté par Olivier Galzi, revient chaque samedi de 10h15 à 11heures sur l'actualité de la campagne (avec Véronique Reille-Soult, de l'agence 910, Édouard Lecerf, de TNS-Sofres, Régis Lefebvre, de l'agence Blue et Alexis Brézet, du Figaro magazine). Au risque d'être un peu bavarde, comme on le reproche parfois à I-Télé qui livre toujours en fin de soirée ses commentaires d'experts (Joseph Macé Scaron, Yves Thréard, etc.)? «Non, répond Cécilia Ragueneau, il s'agit de donner des perspectives pour comprendre ce qu'il s'est passé plutôt que de débiter de la dépêche. Dans un monde surinformé, notre différence réside dans l'information que nous traitons – nous ne faisons du fait divers que s'il est signifiant – et dans la valeur ajoutée que nous lui apportons.»
La dirigeante espère ainsi rompre avec une identité en crise qu'elle a constatée, à son arrivée, après des semaines d'actualité folle (du printemps arabe à l'affaire DSK). Elle reconnaît qu'il lui faut travailler encore davantage le marketing de l'info, mais annonce que la chaîne sera, comme BFM TV, à l'équilibre fin 2011, avec 250 salariés. Pour la première fois depuis sa création, en 1999.