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L'ex-directeur général du Figaro remplace Nicolas Beytout, qui se verrait confier un rôle d'éditorialiste dans le quotidien. Mais la Société des journalistes s'y oppose.

C'est un profil de gestionnaire et de développeur que LVMH a choisi pour remplacer Nicolas Beytout comme PDG du groupe Les Echos. Son remplaçant, Francis Morel, est bien connu, notamment pour avoir réussi la diversification du Figaro, dont il était le directeur général jusqu'en janvier 2011. Sous son autorité, via Aden Classifieds (devenu Figaro Classifieds), le groupe de presse de Serge Dassault est parvenu à tirer d'Internet 20% de ses revenus.

Pour l'actionnaire, Nicolas Beytout n'a pas démérité sur le plan éditorial et de la diffusion (121 481 exemplaires, soit +2,1% au premier semestre 2011, selon l'OJD). «Mais il fallait fixer le problème, comme disent les anglosaxons, Les Echos sera encore en pertes en 2011», souligne une source proche de LVMH. Le groupe s'attend à un déficit supérieur à 5 millions d'euros, après avoir essuyé une perte de même ampleur en 2010. Pas question pour Bernard Arnault, qui a acquis Les Echos 240 millions d'euros en 2007, de financer un quotidien structurellement dans le rouge, comme il l'avait fait avec La Tribune (où il a laissé 45 millions d'euros de trésorerie). D'autant que Nicolas Beytout cherchait dernièrement à racheter L'Expansion pour le fusionner avec son supplément Enjeux. Un dossier que Francis Morel va devoir trancher.

Accord d'entreprise

Phénomène rarissime dans le monde de la presse, le patron défaillant est recasé comme éditorialiste au sein de son journal. Explication officielle: celui qui a recruté nombre de journalistes du quotidien est un bon ambassadeur de la marque. «En tant qu'éditorialiste, je m'attacherai désormais à accroître la visibilité de chacun de nos médias ainsi que le rayonnement de nos analyses», dit lui-même l'intéressé. Mais la Société des journalistes ne l'entend pas ainsi. Invoquant un accord d'entreprise et la charte d'indépendance signée par LVMH, qui stipule que «la tradition non partisane des Echos ne soit pas remise en question», elle estime qu'«il n'est donc pas possible que Nicolas Beytout, dont l'engagement au côté de Nicolas Sarkozy est public, porte, dans et hors des publications, l'image des Echos». Katty Cohen, déléguée SNJ-CGT, estime de son côté qu'il n'est «pas utile d'alourdir la masse salariale avec un éditorialiste de plus, dont le recrutement devrait être du ressort de la direction de la rédaction». Malgré une centaine de clauses de cession depuis 2007, observe-t-elle, cette masse salariale «n'a pas beaucoup bougé en raison de recrutements à bon prix». C'est désormais au comité d'indépendance éditoriale de se prononcer sur l'ex-patron éditorialiste.

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