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Levée de boucliers générale contre le décret d'application de la loi Grenelle II, qui aboutirait à la suppression de 90% des panneaux d'affichage.

«Aussi surprenant qu'irresponsable.» Jean-Charles Decaux, président du directoire et codirecteur général de JCDecaux, ne cachait pas son exaspération, le 9 mars dernier, lors de la présentation des résultats du groupe de communication extérieure. Le décret d'application de la loi Grenelle II sur l'affichage, publié le 23 février, excède l'ensemble des afficheurs. Flou, incohérent, irréaliste... les acteurs de la profession n'ont pas de mots assez durs pour condamner le texte piloté par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.

«Si l'on additionne toutes les dispositions proposées, cela revient à démonter 90% des panneaux», résume Stéphane Dottelonde, président de l'Union de la publicité extérieure (UPE). Et de citer certaines «aberrations» du décret: le texte préconise par exemple «un seul dispositif publicitaire pour 80 mètres de linéaire de propriété foncière» bordant une route, un article qui viserait principalement les entrées de ville, mais pourrait entraîner, selon le président de l'UPE, «la suppression de 65% des panneaux publicitaires en France».

Autre disposition: l'interdiction d'afficher sur des murs comportant des ouvertures. «Or les murs complètement aveugles sont rarissimes, souligne Stéphane Dottelonde. Les murs pignons comportent le plus souvent des aérations…» Avec cette disposition seraient perdus «au mieux, 65% des panneaux, au pire, 87%.» Le Syndicat national de la publicité extérieure (SNPE), qui représente quatre-vingts entreprises réparties sur l'ensemble du territoire national, a joint sa voix à celle de l'UPE, qualifiant le texte de «catastrophique». Pourquoi un texte aussi radical? Dans le milieu de l'affichage, on évoque une démarche politique de NKM afin de se ménager les bonnes grâces des Verts.

Une «préoccupation» de tous les professionnels

Quoi qu'il en soit, les organismes professionnels de la communication font corps derrière les groupes de communication extérieure. L'AACC (Association des agences-conseils en communication) a exprimé sa «préoccupation»: «Le dispositif annoncé n'a fait l'objet d'aucune étude réelle sur les impacts économiques et sociaux.» Selon l'Udecam (Union des entreprises de conseil et achat médias), le décret priverait «les entreprises du secteur d'une part prépondérante de leurs revenus en France, et menacerait directement les quelque 15 000 emplois directs et indirects qu'elles représentent». Il serait également, selon le SNPE, dommageable aux artisans, petites et moyennes entreprises pour lesquelles «l'affichage est le seul média disponible». L'Union des annonceurs (UDA) réclame purement et simplement une «révision complète» du projet de décret.

Les acteurs de la profession attendent désormais la consultation ministérielle prévue dans les prochaines semaines, durant lesquelles le texte sera soumis aux ministères des Finances et de la Communication. Ironie: même les anti-pub, comme le collectif des Déboulonneurs, se sont élevés contre ce texte, qui favoriserait notamment le recours à l'affichage sauvage.

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