«Mieux les autres se portent, mieux nous nous portons», résume Jean-Marie Colombani, président de Slate, à propos de la construction de l'audience de Slate.fr, le site aux 988 000 visiteurs uniques qu'il a fondé avec Éric Le Boucher, Éric Leser, Johan Hufnagel et Jacques Attali. Majoritaire, aux côtés du fonds Viveris (34,9%) et du Washington Post (15%, éditeur de Slate.com), le site ne tire que 30% de son audience de sa page d'accueil et doit beaucoup aux réseaux sociaux, notamment Twitter (70 000 followers), qui ont favorisé les liens vers ses articles.
C'est qu'en cette ère de surabondance de l'information, Slate fait le pari de l'analyse qui sert à trouver ses repères. «Nous ne voulons pas être associés à Rue 89 ou à Médiapart, souligne l'ancien patron du Monde. Notre parti pris est celui de l'analyse et du commentaire. Nous sommes dans une logique d'approfondissement. Cela exclut le sensationnalisme.»
L'équilibre pour 2012
Se voulant ouvert aux débats et aux opinions divergentes (François Hollande et Jean-François Coppé comptent parmi ses 150 contributeurs), Slate se revendique aussi «le plus en affinité avec les jeunes CSP+», car lu à raison de plus d'une minute par page. Une alchimie due à la rencontre de jeunes natifs du numérique et de grandes plumes chevronnées.
Avec un investissement de 3,5 millions d'euros et 800 000 euros de chiffre d'affaires (dont 30% issus de la vente de contenus) en 2010, le site prévoit de doubler ses recettes cette année en intégrant la régie publicitaire de Deezer, puis d'arriver à l'équilibre en 2012 (il ne compte que 10 employés en CDI).
Côté international, il vient de se lancer à Dakar avec le site Slateafrique.com, et vise des développements en Italie et en Espagne, grâce à des partenaires éditoriaux. Enfin, pour préparer la présidentielle de 2012, Slate a créé Wikipol, une encyclopédie collaborative de 1000 personnalités politiques.