Connu sur Twitter sous le nom de Slim 404, Slim Amamou est secrétaire d'État à la jeunesse et aux sports dans le gouvernement de transition tunisien. Ce cyberactiviste, arrêté du 5 au 13 janvier, était accusé par le régime de Ben Ali d'avoir participé à l'opération de «hacking» des sites gouvernementaux lancée par Anymous.
La révolution tunisienne est-elle une révolution Facebook?
Slim Amamou. Non. A la limite, c'est une révolution Internet ou réseaux sociaux, mais pas Facebook, utilisé parce qu'il était là et qu'il y avait beaucoup de Tunisiens dedans. Mais ce n'est pas le meilleur outil. Il va falloir en construire d'autres. Le problème de Facebook, c'est qu'à l'image de la Tunisie, il est très mal gouverné. Il a sa propre police politique [sourire], c'est une sorte d'État policier qui nous a fait beaucoup de mal. Cela fait très longtemps qu'on lutte contre la censure et il y a des formes de censure sur Facebook.
Quel type de censure?
S.A. On a eu des pages de personnes ou de mouvements censurées car il y a un mécanisme de modération défaillant. C'est ce que j'appelle la police de Facebook.
La liberté totale sur Internet peut-elle poser des problèmes?
S.A. Non, absolument pas. Je considère que c'est la solution.
Y compris l'accès à des sites pornographiques, interdits jusqu'à présent?
S.A. On peut restreindre l'accès à ces sites, des moyens existent. Le problème est de savoir si c'est à l'État de faire cela. Moi, je dis que non. On avait un État fasciste, totalitaire, qui gouvernait notre vie dans ses moindres détails. C'est ce qu'il ne faut plus jamais avoir.
L'accès à la pornographie ne peut-il pas être un argument des islamistes?
S.A. Non, ils ne se prononcent pas là-dessus car ils savent que derrière la pornographie, il y a la censure et que cette censure les a touchés. Tout le monde est à peu près d'accord, à l'exception de quelques personnes bien pensantes de droite, qui ne sont pas conscientes de tous les enjeux.
