Sky News. Un nom qui parle, qui fait américain... tout en étant britannique. Ses présentateurs et reporters ont d'ailleurs emprunté de longue date à leurs cousins d'outre-Atlantique un goût très prononcé pour l'info-spectacle, voire l'auto-mise en scène, qui a la particularité de donner plus d'importance à un événement qu'il n'en a dans la réalité.
Mais cela ne suffit pas à faire décoller une chaîne. Créée en 1989, dans la foulée du lancement du bouquet satellite du même nom, Sky News peine à dépasser les 0,6% de part d'audience. Soit entre le tiers et la moitié moins que sa vénérable concurrente BBC News (1,1% en janvier), mais aussi que les françaises I-Télé ou BFM TV, sans oublier les chaînes américaines Fox News, MSNBC ou CNN.
Pire, Sky News perd beaucoup d'argent. De 30 à 40 millions de livres par an (35 à 47 millions d'euros). Si bien que le groupe B Sky B, appartenant à Rupert Murdoch, pourrait bien la mettre en vente dans les prochains mois, afin de permettre à News Corp d'avoir les coudées franches. La maison mère, basée à New York, veut en effet racheter la totalité de B Sky B, dont elle possède 39,9% des parts. L'offre de Murdoch père était initialement de 7,8 milliards de livres. Le conseil d'administration de B Sky B, présidé par Murdoch fils (James), a rejeté cette première offre et demande environ 1,5 milliard supplémentaire. Mais la difficulté ne vient pas de là. L'annonce du projet de News Corp a créé une polémique qui ne désenfle pas depuis sept mois. Le gouvernement examine l'affaire de près et pourrait saisir la commission de la concurrence britannique, avec pour conséquence une nouvelle hausse du prix des actions de B Sky B.
Le problème concerne bien évidemment la concentration des médias. Murdoch possède, à travers News International, quelques fleurons de la presse quotidienne britannique (News of the World, The Times, The Sun). La prise complète de B Sky B, qui a déjà acquis l'an dernier le rival du satellite Virgin Media, donnerait à News Corp un poids écrasant sur l'Internet britannique (via la filiale Sky Broadband) et sur le sport (Sky Sports en est l'acteur majeur). B Sky B possède par ailleurs 17,9% d'ITV, troisième producteur de news télévisées (pour les chaînes privées ITV, Channel 4 et Channel 5) au Royaume-Uni, à travers sa filiale ITN.
Une fusion ITN-BBC News est parfois évoquée, mais le problème resterait le même: il n'y aurait plus que deux producteurs de news télévisées, et le poids de News Corp sur les médias britanniques ne serait pas vraiment moindre. Le pire scénario est celui d'une disparition pure et simple de Sky News.
Un groupement de producteurs d'infos (Guardian Media Group, Trinity Mirror, Telegraph Media Group, BT, Daily Mail) a estimé, dans une lettre adressée au secrétaire d'Etat à la culture Jeremy Hung, que les chances de survie de Sky News seront peu probables en cas de vente. Il demande au gouvernement de ne pas accepter que la chaîne d'info soit mise sur «le tapis des négociations».
650 emplois supprimés à BBC World
Le service international de la BBC a annoncé la diminution de ses effectifs de 25%, ainsi que la suppression de 5 langues sur les 32 services TV proposés à travers le monde, dont le portugais pour l'Afrique. Le directeur de BBC Global News, Peter Horrocks, estime que ces diminutions d'effectifs, liées aux 16% de coupe budgétaire décidée par David Cameron, entraîneront une perte d'audience, évaluée à 30 millions de téléspectateurs.